Aventure en Haumra : Fan Oil Dir est un roman d’aventures sombre et immersif, situé dans un univers où se côtoient de nombreux peuples. L’aventure vous emmène à la découverte du monde entre enquête morbide et intrigues politiques. Le récit suit Fan, un Kkaras, homme-crabe marginal, de retour dans sa cité natale après la mort de son père. Rapidement embarqué dans une enquête sur de mystérieuses disparitions, il plonge au cœur d’une machination où s’entremêle corruption, magie et survie. L’originalité du livre réside dans son univers foisonnant, inspiré autant par la dark fantasy que par les codes du polar, et dans la voix singulière de son narrateur, à la fois cynique, vulnérable et profondément humain malgré sa carapace et ses pinces. Les lecteurs sont invités à participer à la création de ce livre pour soutenir un projet qui allie action, réflexion sur la différence et l’identité, et exploration de sociétés imaginaires riches.

Le roman s’adresse aux amateurs de fantasy sombre, de mondes inventés et de récits initiatiques, avec des inspirations allant de China Miéville à Andrzej Sapkowski, tout en aspirant à offrir une aventure inédite, immersive et viscérale. Votre soutien permettra de donner vie à une saga où chaque lecteur peut créer sa propre place dans l’immensité de ce monde.

Extrait

« Mon père était mort. »

Je ne pouvais pas dire que cela m’avait vraiment affecté. Peut-être que j’aurais dû ressentir quelque chose, une sorte de remords ou de tristesse qui m’aurait serré la poitrine, mais il n’en était rien. Le vieux Dir Oil Ten avait fermé les yeux pour la dernière fois, et tout ce qu’il me restait à faire, c’était d’empiler quelques pierres sur ce qui avait été son corps. Ici, à Kan Het Ora, on ne s’embarrassait pas de cercueils ou de cérémonies en grande pompe comme les humains. Les Kkaras avaient un mot pour ça: Jok’tan. Cela voulait dire “laisser aller”. En-dehors de notre peuple, personne n’en comprenait la vraie signification. À vrai dire, ils s’en fichaient, comme nous nous fichions de ce qu’ils pensaient. Les cairns de pierres étaient notre manière à nous de tourner la page, de dire à la mer qu’elle pouvait reprendre ce qui lui appartenait.

J’étais parti à Unysta sans me retourner, sans une pensée pour ces ruelles où j’avais laissé quelques morceaux d’âme et de dignité. Replonger dans cette cité avait été une claque. Le goût de l’eau océanique, lourde de sel et d’algues, m’avait pris à la gorge. Chaque recoin de cette cité m’évoquait un souvenir d’une vie que j’aurais préféré oublier, des visages de Kkaras que j’espérais ne plus jamais croiser. Pourtant, ici, les vieilles connaissances vous retrouvaient toujours, comme des rumeurs qu’on ne pouvait effacer. Nous, les hommes crabes, nous nous ressemblions aux yeux des continentaux, alors qu’en vérité, nous avions bien des différences. Et je pouvais différencier chaque habitant en une fraction de seconde. Déjà, nos femmes avaient six pattes et des mains humaines alors que nous n’avions que deux jambes et des pinces en guise de main. Nous partagions en commun le reste du corps humanoïde et nos visages de têtes de crabes. Bien qu’ils n’aient pas la même forme et les mêmes couleurs, j’accordais ce point de ressemblance aux gens de la surface.

[…] Je n’étais pas revenu ici depuis des années. La dernière fois, j’étais bien plus jeune, plein de rage et d’arrogance. Unysta m’avait pris des années de ma vie, en échange de quoi ? Pas grand-chose. J’y avais survécu, je suppose. Les ruelles sombres, les combines, et ces nuits sans lune à chercher un moyen de s’en sortir. Mais tout cela appartenait au passé. Aujourd’hui, j’étais là, devant un tas de pierres qui m’écoutait sans réponse.