Halfer est une histoire qui traite du harcèlement, l’un des fléaux les plus courants dans la scolarité des jeunes. J’en étais moi-même une victime, et c’est ainsi qu’est né ce projet. À travers cette histoire, je voulais aider toutes ces victimes silencieuses qui n’ont pas eu la chance d’avoir quelqu’un pour les aider, mais aussi toutes celles qui ont su parler, et qui en gardent encore des cicatrices aujourd’hui. Halfer a été une véritable thérapie pour moi, et il m’a aidée à panser mes blessures. J’aimerais vraiment que cette histoire puisse donner du courage à toutes ces personnes qui ont souffert dans leur scolarité.

Bien que ce récit s’adresse surtout à un public de jeunes lecteurs, la prise de conscience concernant le harcèlement peut se faire à tout âge, et c’est pourquoi j’encourage toute personne à donner sa chance à Liam et Olivia, les deux protagonistes de cette histoire. L’alternance de point de vue à chaque chapitre fait la force ce projet, relatant ainsi les ressentis des deux personnages principaux chacun leur tour.

Extrait

« Ses yeux sont trop clairs !

Ce n’est pas un vrai coréen, celui-là !

Espèce d’halfer, va !

Liam avait entendu ces phrases des centaines de fois, parfois directement quand les gens ne se gênaient pas pour se moquer de lui en face à face, parfois sans le vouloir en surprenant des discutions à son sujet. Qu’avait-il fait pour mériter ce mépris venant de leur part ? Avait-il dit ou fait quelque chose de mal ? Il ne demandait qu’à vivre sans qu’on ne le mette à l’écart, était-ce vraiment trop demandé ? Quel que soit l’endroit où il allait, les gens se retournaient pour le regarder avec dédain. Il sentait leur mépris de loin, il les voyait froncer les sourcils en sa présence. Et tout ce qu’il pouvait faire, c’était baisser la tête et avancer plus vite. 

Au fond, tout recommençait en boucle. Que ce soit aux États-Unis, où il avait vécu jusqu’à ses cinq ans, ou en France, tout le monde le rejetait, et il ne comprenait pas pourquoi. 

   —   Maman, c’est quoi un halfer ?

   Sa mère, d’abord surprise qu’un enfant de dix ans lui demande une telle chose, avait eu du mal à lui expliquer la signification d’un mot aussi cruel. Liam avait alors compris que les gens étaient impitoyables et que le malheur des uns faisait le bonheur des autres. Il avait aussi compris pourquoi les gens le trouvaient différent : parce qu’il était autant américain et français que coréen. Et donc, cela donnait-il le droit aux gens de le juger ? Uniquement parce qu’il avait la chance de baigner dans trois cultures différentes ? Non, il ne comprenait toujours pas. »