« La Veuve Blanche » est un roman inspiré de faits réels. C’est l’histoire de Samantha Lewthwaite, que j’ai choisi d’appeler Sam Duke. Sa vie a basculé après les attentats de 2005, à Londres. Son mari, Germaine Lindsay, un jeune immigré jamaïcain quelque peu perdu, était l’un des auteurs de ces attentats. Sam n’avait pas décelé des signes de radicalisation de Germain qu’elle avait rencontré sur un site internet islamique.
Inscrite à l’université, elle abandonne ses études au bout de deux mois. Convertie à l’islam, elle rejoint les maquis du principal mouvement djihadiste somalien, les shebabs. Elle se déplace régulièrement entre l’Afrique du Sud, le Kenya et la Somalie.
La vie tourmentée de Sam Duke passionne le public outre-Manche et génère d’innombrables articles de presse, même aux Etats-Unis.
Née d’une famille modeste, au début des années 80, cette jeune femme britannique est soupçonnée d’être derrière des attentats meurtriers en Afrique.
Sam a quatre enfants – nés de trois pères différents – qui grandissent. Dans ses rares moments de lucidité, elle se demande si elle va continuer à se cacher toute sa vie pour éviter de rendre des comptes aux autorités britanniques
Sa famille, plutôt discrète, endure, dans le silence, cette terrible épreuve depuis plusieurs années. Personne ne sait si les « révélations » de la presse sont crédibles, ou si elles ne reposent que sur des sources fragiles, dans un pays avide de tabloïds. Sam est-elle une criminelle ? Nul ne le sait.

Extrait

« Quand elle allume son poste de télévision, Sam ne sait pas encore que Jamal a tué et s’est tué. Sa première réaction est celle d’une citoyenne britannique lambda. Elle qualifie d’odieux ces attentats qui ont emporté d’innocentes âmes. Pour rien a priori. Elle exprime toute sa colère, sa révulsion et son incompréhension face aux activités terroristes de cet acabit.
– Je pleurais quand j’ai vu à la télévision que des gens cherchaient leurs proches, indiquera-t-elle quelques jours plus tard. Evidemment, à ce stade, je ne savais pas encore que j’étais, d’une certaine manière, mêlée à ce que je voyais.
Pourtant, dans le courant de cette folle journée, elle reçoit un coup de fil de la police, qui lui signifie que l’homme qui partageait son lit était, selon toute vraisemblance, un membre du groupe de tueurs qui a plongé Londres dans une indicible horreur. Elle bondit sur son téléphone et tente d’appeler Jamal. En vain. Le téléphone de son mari ne sonne pas. Elle reçoit un message qui dit en gros : « Ce numéro ne peut pas être joint pour le moment. Nous vous prions de bien vouloir nous en excuser ».

Les images de ces attentats font le tour du monde. Elles repassent en boucle. Les chaînes d’information non-stop ont du grain à moudre : les terroristes ont frappé le Royaume- Uni au cœur de Londres.
Néanmoins, Sam n’arrive pas à admettre que son mari, son Jamal chéri, ce « pacifiste », figure parmi les quatre terroristes qui ont accompli leur dessein machiavélique ce jour-là. »