La Victoire perdue est un roman de politique-fiction sur les réseaux sociaux, critique et chronique puisque l’histoire se déroule pendant la Seconde Guerre Mondiale.

C’est un drôle d’objet, dont la toile de fond est constituée d’événements réels, mais où pourtant tout est réinventé. Ce texte, assis sur un travail documentaire conséquent, est le fruit d’une fusion entre mon envie de pointer du doigt les errements d’une société envahie par les réseaux sociaux et mon désir de produire un récit sur la Seconde Guerre mondiale.

La Victoire perdue narre le parcours de Pauline Joubert, jeune community manager, depuis l’invasion allemande de juin 1940 jusqu’à la fin du conflit. De Gaulle aurait-il fait un bon utilisateur d’Instagram ? Comment Hitler se serait-il servi de Twitter/X ? À l’heure des fake news et de l’essor des théories complotistes, comment Internet aurait-il traité les combats, la délation, la déportation ? Quel rôle auraient joué les géants américains de la Tech dans ce moment critique ?

Dans La Victoire perdue, le plus grand conflit armé de tous les temps sert de révélateur, mettant en exergue le décalage entre la vacuité des selfies ou des posts indigents et l’impérieux appel de la patrie. Le drame côtoie le futile et finit par s’en nourrir : l’Appel du 18 juin est publié sur X, Pearl Harbour devient une cyberattaque de grande ampleur tandis que partout en Europe des Juifs sont dénoncés via une application en vogue…

À l’heure des commémorations, alors que fin de la Seconde Guerre mondiale fête ses 80 ans, La Victoire perdue fait un pas de côté, sort des sentiers battus et utilise la grande Histoire pour mieux nous faire réfléchir sur les dérives de notre temps.

Survint ce terrible 16 juin 1940, jour de la démission du gouvernement de Paul Reynaud et de la nomination du Maréchal Pétain. Je m’en souviens comme si c’était hier… Tard dans la soirée, alors que je me perdais dans l’abîme des réseaux sociaux et du flot de contributions abjectes, je tombai sur le tweet que venait de poster Adolf Hitler :

Depuis son quartier général de la Gorge du Loup, sur le front de l’Ouest, Adolf Hitler exultait. Comme chaque soir depuis des mois, il avait répandu sa haine sur les réseaux et des millions d’âmes dévoyées vinrent s’y abreuver.
Au terme de trente-six jours d’un combat déséquilibré, les deux cent quatre-vingts caractères de ce tweet empoisonné parachevèrent le travail des armes. Les mots d’Hitler, sonnant comme une épitaphe, scellèrent mon accablement. Tout semblait perdu.
Pourtant, dès le lendemain, alors que j’en avais oublié la saveur même, l’espoir se rappela à mon bon souvenir.