Description
Le son de sa voix je l’avais oublié, le goût de ses baisers, effacé. La blancheur de sa peau, la douceur de ses mots, sa cambrure, sa désinvolture, tout était enfoui dans ma mémoire. Et puis, il y a eu une odeur, son odeur. En une fraction de seconde, tout était là. Le doux au cœur, le diable au corps, les nuits fauves, la passion, la boule au ventre, la tristesse, la déchirure. Ma peau se souvenait de ses caresses, mes lèvres de ses lèvres et mon cœur battait à nouveau pour lui.
Je croyais avoir définitivement tourné la page. Je pensais qu’il ne restait rien de ce que nous avions été. Pourtant tout était encore là, juste à peine endormi et aussitôt ravivé par un simple souvenir de son parfum.
Voici un récit intimiste qui relate sur un ton poétique et mélancolique mes souvenirs de jeune homme lorsque je me suis éveillé au sentiment amoureux.
« C’est le matin, la lumière est diffuse, enveloppante, douce, tout comme ta peau. J’ai dormi profondément, il me semble que toi aussi. C’est étrange cette sensation de se réveiller à côté de toi. Tu pivotes sur le côté et tu t’étires, tu grognes un peu. Tu te lèves, tu ne dis rien. Je t’observe. Je contemple ton corps nu dans cette clarté. Je vois ta peau blanche, les poils qui recouvrent ton torse, je regarde tes muscles légèrement dessinés, ton ventre plat et puis ton sexe. J’aime ton corps, j’aime ton impudeur. Ce n’est pas indécent ni inconvenant.
Tu avances avec légèreté presque sur la pointe des pieds. Tu aimes les réveils en douceur. Tu sors de la chambre. J’imagine que tu pars fumer. Je reste encore un peu au milieu des draps dérangés, à mon tour je m’étire, je sors de ma léthargie. Une odeur de café parvient jusqu’à moi, je sens l’amertume, je sens l’arôme. Je n’y résiste pas. J’enfile mon slip, je suis plus pudique que toi. Moins à l’aise avec mon corps. Je te rejoins dans le salon, tu me souris. Tu es toujours nu devant la fenêtre du balcon, j’avais raison, tu fumes. D’une voix caverneuse, rocailleuse, tu me dis bonjour et je viens me serrer contre toi. Je ne réfléchis pas, j’avance vers toi, je ne dis rien. Toi, tu m’ouvres les bras et tu m’embrasses sur le front. Tu es bienveillant. J’aime cette douceur. J’aime cette intimité. Tous les deux, nous ne disons rien, juste l’essentiel. »