MAL AU CORPS est une fiction nourrie d’éclats de réel : des fragments romancés de blessures gravées dans la mémoire. Le récit parle du réveil à l’hôpital, de la douleur et de l’émerveillement d’une personne animée par l’énergie de sa renaissance. Convalescente, mue par l’espoir, elle part combattre des géants. Dans la jungle laotienne les coups pleuvent, le sang coule, les rencontres jalonnent son chemin vers la vérité.

MAL AU CORPS rappelle la douleur et les plaisirs de l’existence portés par le caractère merveilleux de la vie pleine d’espoir, qui se bat sans relâche pour durer.

Ce récit caustique, constate, accuse, interroge et salue le corps, socle fragile qui abrite « nos idées ». Il rappelle la douleur autant que le vertige du vivant, c’est une quête de conscience du réel, un combat de renaissance.

Je ne me fais pas d’illusion, je ne crois pas au « grand soir » dit Jean-Jacques Kupiec à propos de son livre « Et si le vivant était anarchique ? » qui renverse le déterminisme génétique en expliquant que les corrélations des résultats d’expériences ne définissent pas autrement qu’avec des probabilités, les comportements physiologiques.
À l’origine, de l’embryon à l’âge adulte, l’aléatoire, le hasard intervient. Deux cellules identiques fabriquent différemment les protéines…
Louise coupe le radioréveil au pied de son lit. Ces derniers mots trottent encore dans sa tête.
Les liens de descendance se cantonnent à n’être qu’originels, l’identité se construit seule, aléatoirement, au gré de chaque vie. Les empreintes digitales et l’ADN ne sont que des données répertoriant les êtres humains.
Son frère et elle sont très différents, c’est vrai. Pourtant rapprochés par seize ans de vie commune, réagissant chacun à des contraintes et des espoirs modélisés par un environnement et une éducation semblable. Louise pense qu’elle était plus inquiète du danger que son frère.
Elle n’a jamais senti le besoin d’éprouver d’autres normes, de contourner les limites vitales du bon sens comme lui, pour exprimer ses viscères, et découvrir le fond noir de l’inconnu au cœur de soi. Et après ?
Impossible pour elle d’aller explorer si loin… « Toi, mon Barthélémy, là où tu es maintenant tu ne cherches plus rien ». Son esprit s’est éteint avec ses pensées, il ne reste que quelques textes, des tableaux qu’elle connaît peu, disséminés chez des collectionneurs, des meubles abîmés et des vêtements usés par ses mouvements… L’après-vie de Barthélémy.
Louise refoule aussitôt la montée de larmes qu’elle sent envahir son visage, en déployant ses vertèbres cervicales.
Son histoire. Il fait vraiment partie de son histoire maintenant. Sa vie est plus calme et résignée depuis qu’elle y a intégré la tristesse infinie de son absence. Pas une nostalgie des moments de joie partagée, mais la désolation du No Future, ensemble.