Description
Piégé par une Ondine
Mon amante m’a ensorcelé
L’urgence climatique, la crise sanitaire, la déliquescence de la famille mettent aujourd’hui en péril notre vie sociale, nos engagements moraux, nos désirs intimes.
Dans une période tout juste antérieure à celle-ci avec nos problèmes actuels en filigrane, l’aspiration au désir universel de reconnaissance qu’exprime chaque humain anime aussi Alban : être présent, être reconnu, être aimé. Un jardin bucolique comme écrin, des joutes poétiques, des mélodies expressives pour une tumultueuse histoire d’amour entre deux êtres. Les sentiments y évoluent de la passion au don de soi avant de sombrer dans la toxicité. Émotions, sexualité, relations familiales, machisme, féminisme sous-tendent ce drame contemporain. La volonté céleste s’imposera finalement au héros de l’histoire comme cause profonde, alors qu’il lutte apparemment vainement pour contrecarrer une avalanche d’évènements hostiles.
Romancer la vie, c’est analyser, séparer l’enveloppe du fruit, et quand même la bogue pique les doigts, la teinte vernissée du marron vous séduit et sa chair vous nourrit. Alban ne se couchera pas pour mourir, s’il retrouve avec vous l’énergie nécessaire à un nouveau départ.
« “Je crois que je souhaiterais que l’on se marie, même si c’est un petit mariage. Si tu es d’accord pour cette officialisation, bien sûr. Je ne veux pas être qu’une amie, qu’en penses-tu ?” La demande d’Ondyne lui revenait à l’esprit : il rêvait à une vibrante cérémonie qui les unirait, l’orchestre célébrant leur amour par des hymnes romantiques. Combien de fois avait-il lui-même fait résonner les nefs au son de sa trompette ou de ses cornemuses pour célébrer l’union d’heureux couples ! Le chef-d’œuvre gothique, son clocher altier, son hommage à la foi et à la chevalerie faisaient écho à sa propre renaissance, à la reconquête de la vie avec une femme qu’il avait séduite spontanément et à laquelle il vouait maintenant un amour, un dévouement immenses. Dans ce concours musical où il tenait une place de soliste, sa valeur de musicien pèserait dans le rendu sonore global. Il pensait parfaire la séduction d’Ondyne par ses talents autant que par ses capacités d’amant. Leur nouveau couple allait se révéler immanquablement aux yeux de tous ses compagnons de l’école de musique. Il portait ainsi vers le ciel ses vœux d’accomplissement qui, par le truchement des matines soutenues par les quatre-vingts mètres de dentelle de pierre, accéderaient facilement aux oreilles de la destinée.
[…]
Ondyne et Alban rentrèrent dans leur chambre ou plutôt, dans la chambre réservée à Ondyne et qu’Alban occupait illicitement. Heureusement, au vu des circonstances précédentes et de la fatigue générale, personne n’aurait pensé à pister l’un ou l’autre des musiciens ! Alban était toujours plus ou moins en proie au doute concernant sa puissance masculine. Il s’était préparé musicalement très sérieusement pour le concours. Il avait appris à gérer son émotivité afin d’éviter un trac dévastateur pour la prestation déterminante du lendemain. Il avait ainsi usé de techniques de respiration, de concentration, d’élimination des stress et des sollicitations externes. Autant que pour le concours, il s’était préparé à… l’amour ! Pendant qu’Ondyne effaçait sur ses traits les injures dues à la longue journée, Alban, en avalant une dernière mixture, se préparait tel un athlète à mener une séance de volupté amoureuse. Il se doucha et se rasa soigneusement puis ajouta une note de senteur boisée qui convenait bien à sa nature.
Ondyne somnolait déjà mais le désir commun la réveilla. Alban couvrit son visage de baisers légers, autour des yeux, à la naissance du cou. Il murmura des mots d’amour à son oreille puis il l’aida à se libérer du carcan de la nuisette. Il explora la peau blanche des épaules jusqu’aux poignets. Il retardait le moment de s’emparer des deux seins mignons qui pointaient vers lui… »
Extrait Chapitre VI « Lune de miel »