Rosaline et le royaume oublié est un roman fantastique à la croisée des contes et des légendes. Il s’inspire librement du Petit Chaperon Rouge, tout en s’en éloignant pour ouvrir une voie nouvelle, plus profonde, plus symbolique. Dans un monde entre brume et lumière, Rosaline traverse des épreuves initiatiques et découvre les secrets d’un royaume disparu. Le récit mêle poésie, mystère et transmission, en rendant hommage à l’esprit des frères Grimm.

Ce projet s’adresse aux amateurs de contes réinventés, de mondes mystérieux et de quêtes intérieures. Soutenir Rosaline, c’est participer à la naissance d’un univers littéraire plus vaste, où d’autres personnages issus des Grimm pourraient un jour reprendre vie, autrement. J’espère que ce premier pas vous touchera autant qu’il m’a transformé.

Extrait

Il y avait, au bout du village d’Eldrelle, un sentier que l’on ne nommait plus. Les anciens y jetaient parfois un regard, un frisson, une prière muette. Les enfants, eux, passaient devant sans y penser — sauf Rosaline. Elle, elle s’arrêtait toujours. Le sentier plongeait entre deux grands chênes aux racines noueuses. La lumière s’y brisait d’une étrange manière, comme filtrée par des souvenirs trop lourds pour s’élever. C’était la lisière de la Forêt Rouge. Et nul n’y entrait. Plus depuis longtemps. Rosaline vivait dans une maison au bord du silence, avec sa grand-mère, Séraphine. Une femme aux cheveux blancs, au regard doux et sévère tout à la fois, et dont les silences en disaient souvent plus long que ses paroles. La maison qu’elles occupaient semblait figée dans le temps. Chaque pierre, chaque latte de bois portait les traces d’un passé dense et feutré. Il y avait toujours, dans l’air, cette odeur de feu éteint et de pluie ancienne, comme si l’automne y restait toute l’année. Rosaline ne posait plus de questions. Pas parce qu’elle ne voulait pas savoir. Mais parce que chaque silence de Séraphine portait déjà une réponse — incomplète, mais vivante.

Une nuit, Rosaline monta au grenier.
Elle ouvrit une vieille malle, tapie sous un drap de lin. Et là, pliée avec un soin étrange, reposait une cape.
Rouge. Un rouge profond, veiné de fil argenté. Elle tendit la main. Et aussitôt, quelque chose frémit. La forêt. Pas un bruit, pas un vent. Juste un appel. Doux. Ancien. Inéluctable.
À peine ses doigts effleurèrent-ils le tissu que les broderies semblèrent luire faiblement, comme si une encre invisible venait d’y tracer des signes oubliés. Rosaline recula, le souffle court. Elle n’avait rien rêvé. La cape avait réagi. À elle. Elle descendit. Dans la chambre, Séraphine dormait. Rosaline s’assit près d’elle. Sa main était froide. Son visage paisible.

— Elle a voulu te protéger… Elle a voulu briser la prophétie.
— Quelle prophétie ?
Mais Séraphine ne répondit pas. À l’aube, Rosaline se leva. Elle prit la cape. Et sans se retourner, elle s’engagea sur le sentier interdit.