Qui a dit que les jeunes adultes n’avaient pas de regard critique sur le monde ? Que l’heroic fantasy et l’ironie n’avaient rien à nous apprendre du monde réel ? Simón, ou l’Histoire à réécrire relève ce défi en proposant une aventure héroïque originale avec un vrai propos tout en gardant les codes de l’heroic fantasy (de l’évasion, des obstacles, des choix à faire, de l’amour, des rebondissements et j’en passe). En somme, il s’agit de réfléchir sur des sujets lourds (chiants, parlons français ici, le rapport aux connaissances et à l’Histoire) à travers une aventure épique et métaphorique avec des questions qui font écho, dans un monde irréel, à des dilemmes bien réels ; et une pointe (beaucoup) d’humour et d’ironie.

Toi, jeune adulte que tu es, intentionnalités agissantes embrassant ta liberté pour construire ce monde (qui je souhaite devenir, dans quel monde ?), tu peux tout à fait le penser (et penser des sujets qui font souffler tout un parc éolien) en t’évadant et en riant. Tu peux le faire avec l’aventure de Simón, tout jeune bachelier qui voit sa vie chamboulée lorsque le Livre (le personnage, pas le livre là) lui raconte que l’Histoire est une vaste mascarade réécrite au fil des siècles par des « mundo scriptor ». Aujourd’hui, c’est à son tour de s’en charger. Refusant de se plier à son soi-disant devoir, il se lance dans un voyage dans le temps, à l’envers, pour rencontrer ses homologues mundo scriptor du passé avant de faire un choix. L’aventure commence pour Simón, et pour vous, lectrices et lecteurs, entre épique, magie, humour, certitude, remise en question, vérité, confiance, liberté, bonheur, devoir, bien et mal.

Extrait de  Simón, ou l’Histoire à réécrire  de Mickaël Da Silva

Que ces deux guignols sont bruyants ! Impossible de les laisser seuls deux minutes dans le salon de mon appartement sans qu’ils ne s’écharpent comme un communiste et un capitaliste qui débattent de moralité. Heureusement pour eux et pour les tympans de mes voisins, je suis de caractère assez calme. Dans ces méandres auditivo-extrémistes, je crée, que dis-je, je suis la douce nuance au sein de notre trio d’amis. Dans le cas contraire, je pense qu’un de nous aurait déjà fini six pieds sous terre depuis la Belle Époque. Je vais diplomatiquement les faire taire ; un voisin va perdre une oreille à ce rythme-là, dans la foulée mon logement, en plein hiver, par conséquent une oreille aussi, voire les deux, voire les trois : le logement et les deux oreilles.
« FERMEZ-LÀ BORDEL ! Taisez-vous deux minutes pour voir. Oh, mais oui, écoutez ce silence. Quelle divine musique pour mes tympans après s’être fait martyriser par vos cymbales brouhahantesques. Pas besoin de me regarder comme ça. Je vais simplement chercher des trucs dans la cuisine et on vous entendra crier jusqu’au Texas.
— Pourquoi le Texas ?
— Hein ? La seule chose que t’as retenue dans toute cette situation rocambolesque et dans mon intervention, c’est Texas. Alors, par la plus grande des clairvoyances, si, par pur hasard, mais par le plus grand des hasards, je finis ma phrase par gros con, tu vas enfin prendre conscience que tu l’es ?
— Techniquement, t’as fini ta phrase par tu l’es. Donc non, il ne va pas prendre conscience qu’il est bête, me dit à l’instant l’autre compagnon de la chanson qui ne se rend même pas compte qu’elle aussi, ses neurones travaillent à la SNCF un jour de grève, c’est-à-dire autant de jours qu’une année bissextile sans être une année bissextile.
— C’est qu’elle n’a pas tort, Simón. Et calme-toi un peu, non ?
— Bon, fermez-la tous les deux. Filez-moi une bière au lieu de brasser du vent comme des éoliennes en mer. Vous aurez beau retourner la chose dans tous les sens, ça ne fera pas une tarte tatin. »

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