Souvenirs vagabonds

Et donc ces souvenirs de pêcheurs trimant en mer, ces mineurs de fond à la gueule violette à cause de la poussière de minerai étaient mon quotidien. À la retraite, j’ai éprouvé le besoin irrépressible de donner une vie à ces souvenirs qui m’ont influencé.

Je vous propose d’être acteur et actrice de la naissance de mon livre en m’aidant à faire de sa parution prochaine, avec les Editions Maïa, un succès. Plus les préventes seront nombreuses, plus mon livre sera promu et diffusé. En retour, vous serez présents dans le livre en page de remerciements et vous recevrez le livre en avant-première, frais de port inclus !

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J’ai écrit ce livre simplement pour narrer la vie (entre 1940 et 1954) dans un petit coin d’Algérie, auprès de gens qui habitaient autour de chez moi, plus haut, plus bas. Des besogneux, des obscurs, des sans-grade, qui s’efforçaient de sortir de leur gangue. Ce coin s’appelait, s’appelle toujours, Béni-Saf.
Tout se passe dans un monde de mineurs exploités et exploitant le minerai de fer, de pêcheurs sillonnant le plateau continental, de retraités usés mais pleins d’humour, de diverses communautés respectueuses de leurs différences, vivant en parfaite harmonie jusqu’au début des années de braise…

Extrait du livre Souvenirs vagabonds

La pêche des céphalopodes

Durant le mois de mai, nous nous adonnions à la pêche de la seiche. Ces sympathiques céphalopodes décidèrent comme n’importe quel autre être vivant de choisir ce joli mois pour copuler.
Personnellement, cela me laissait indifférent puisqu’il en découlait que c’était le meilleur mois pour les capturer. Évidemment, il était nécessaire de se lever tôt, de mettre le canot à l’eau, de ramer depuis le port jusqu’à l’aquarium ; il fallait aussi que la mer soit faite une bassine d’huile afin de voir par transparence les dalles entre lesquelles les posidonies étalaient leurs feuilles vertes.
Sitôt arrivés, on immergeait un petit bateau lesté, d’environ trente centimètres de longueur munis de deux glaces latérales. On le remorquait à vitesse lente. Je ne sais vraiment pas ce qui se passait dans le peu de cervelle des mâles des seiches en rut ; ce que je sais c’est qu’ils ne supportaient pas de voir un autre mâle en face d’eux, un peu comme les coqs que l’on plaçait devant l’armoire de la chambre à coucher et qui se battaient comme des chiffonniers contre leur image. Ils devaient mal supporter la concurrence ; alors, ils enveloppaient de leurs tentacules le petit bateau, le mordant avec leur bec de perroquet. Pour ma part, je ramenais le leurre progressivement près du canot et, d’un coup d’épuisette récupérait l’excité. À ce moment-là, l’imbécile de seiche devait broyer du noir car elle nous aspergeait d’une encre plus foncée que les peintures de Soulage, indélébile de surcroît. Je ne te dis pas la tête de la mère lorsqu’on arrivait à la maison portant le deuil sur le visage et l’habit !
D’autres fois, on utilisait une technique plus vicieuse ; comme il est normal, les seiches femelles avaient faim d’amour en période de reproduction. Nous en profitions pour remorquer une sardine juste au-dessus des fonds appropriés de telle sorte que les prolifiques se jetassent dessus. C’est sublime de voir les seiches nageant lentement, agitant leurs nageoires latérales et subitement lançant tel un élastique leur tentacule préhensile pour récupérer la proie. Elles sentaient une résistance, mais en aucun cas elles ne lâchaient prise. Furtivement, je passais l’épuisette derrière la morte de faim et la remontais dans le canot. Dans ces moments-là l’intelligence et le mauvais génie du genre humain s’associaient pour faire de la seiche une espèce de prostituée malgré elle. Il suffisait de bien la fixer avec une cordelette et de la réimmerger avec délicatesse derrière le canot. La pauvre seiche jouait à l’appeau pour mâles. Les plus vaillants des pêcheurs travaillaient avec cinq ou six seiches, mais très souvent les lignes s’emmêlaient. Il est permis de penser que cette situation favorise la sécrétion de phéromones, substances qui attirent de façon irréversible les mâles des environs ; les malappris arrivaient rapidement, changeant de couleur pour tromper l’ennemi, se battant entre eux pour assouvir leur instinct reproductif. Ils s’élançaient sur la femelle, enveloppant la tête avec les tentacules, essayant d’introduire leur doigt hectocotyle plein de spermatophores dans la cavité palléale de la malheureuse.
Ces mâles soûls d’amour se capturaient facilement à l’aide d’un crochet ; puis on les balançait à fond de cale comme de vulgaires objets. À la fin de la matinée, les femelles devaient se demander pourquoi elles avaient autant de succès sans que pour autant la copulation se réalise. Affalés sur le plancher, les mâles agonisants émettaient des râles étranges tandis qu’ils crachaient très souvent des jets d’encre noire à défaut d’autres choses. De temps en temps, tandis que nous avions la tête baissée, ils en profitaient pour nous noircir l’épiderme.
Lorsque nous prenions le chemin du port, il était nécessaire de vider ces aimables mollusques. C’est vraiment un travail écœurant. Il est difficile de travailler sur ces corps flasques sans couper la « poche du noir ». On a l’impression de vouloir combattre l’hydre de Lerne ; plus on nettoie, plus le noir s’étale.
À l’arrivée au port, il fallait plonger et se frotter le corps entier à l’aide d’un « stropajo » pour en extraire le noir fixé.
Le deuxième plaisir était de récupérer les os de seiche. Sur les plus grands d’entre eux, on enfonçait un bâtonnet muni d’une voile brigantine et nous faisions notre « Vendée globe ». Les plus petits servaient d’affûtoir aux chardonnerets en cage ; ils adoraient passer leur bec sur le tendre calcaire et partaient dans des trémolos sans fin.
D’autres fois, nous partions chasser le poulpe dans des zones accidentées ; ces braves pieuvres adoraient se planquer sous les roches, là où apparaissaient des dépressions et des cavités. Sur la pointe d’un bâton, on enfilait quelques allaches et nous le glissions dans les trous ; c’est là qu’ils se tiennent, fixés par leurs ventouses, prêts à les serrer encore en cas de péril. Lorsque l’un d’entre eux, attiré par l’appât, se rapprochait prudemment, on tirait délicatement pour ne pas l’effrayer ; puis il s’enhardissait et sortait une, puis deux, trois, quatre tentacules ; son corps apparaissait enfin ; alors on approchait un crochet par derrière, et d’un coup vif, on l’accrochait par le dessous, jamais par les tentacules car il était capable de les perdre pour se libérer. Une fois à terre, il fallait faire vite pour éviter que ses tentacules ne viennent s’entourer autour des bras et plus haut si affinités.. Il fallait rapidement lui « tourner la tête » et le balancer fortement sur les cailloux pour l’achever. Alors les ventouses se détachaient progressivement de l’épiderme, les unes derrière les autres, avec un petit bruit de bulles qui éclatent, et lentement, inexorablement, les forces abandonnaient l’animal.
Nous avions un merveilleux appât pour pêcher le mérou.

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