Le sujet du livre : l’alimentation, avec une mise en lumière sur la façon indigne et légère dont certains individus la traitent, même si le phénomène de la gabegie va en déclinant, grâce aux pouvoirs publics qui depuis quelques années, en effet, nous demandent de ne plus jeter. Un livre à part par sa somme de témoignages. Dans ses pages on y lit quelques errements d’individus peu scrupuleux à l’endroit du manger, sans lequel l’humain n’existerait pas.

Extrait

« Les salauds ! Les ordures !… » Sylvestre ne pouvait pas ne pas puiser dans la section la plus révolutionnaire de son vocabulaire quand ainsi, dans l’hypermarché qu’il fréquentait souvent pour ses courses, ou bien sûr ailleurs, il tombait sur un produit périssable abandonné avec lâcheté quelque part dans un rayon à température ambiante, comme du laitage, de la viande, de la charcuterie, des produits de la mer, etc.Cela lui soulevait immédiatement le cœur. L’irrespect envers les produits alimentaires lui donnait toujours la nausée. À la vue du périssable, mais pas que, ainsi maltraité, il lui arrivait fréquemment de penser à la malnutrition. Il pensait aux malheureux sans chair sur les os. Il pensait aux pauvres enfants à gros ventre rond et au regard vide. Aux enfants aux bras et jambes fébriles et gros comme des tiges de bambou. Il pensait aux terres arides, crevassées, sur lesquelles comme perdues erraient d’infortunées bêtes à la carcasse saillante et fatalement chiches en lait… Même si aujourd’hui la faim avait reflué, en vérité, et si ainsi probablement nulle part n’allaient désœuvrés des groupes de squelettes, des ventres malgré tout devaient encore faire entendre comme des gargouillis endoloris, évidemment principalement dans les pays mal nés.