Mais pourquoi donc Marianne vit-elle donc encore sur cette terre de déréliction ? C’est l’histoire d’une quête, d’une femme qui va paradoxalement trouver des réponses dans un quotidien qui la vide, un amour qui la déçoit et un environnement qui s’écroule. Une histoire de fantômes et d’errances rempotés au terreau des mots et qui fleurissent. Une histoire de cultures et de misères qui se cognent, de désir et d’amour qui se subliment, de secrets qui se découvrent et se transcendent. Dans le Liban actuel, les désillusions et les doutes d’une femme qui cherche et interroge, les luttes, les doutes et les deuils, mais également les beautés et les bontés du chemin, ainsi que les découvertes. Celles d’ici et de là-bas. Tant le monde d’après le grand départ convoque celui d’avant…Une ode à l’amour et au pardon, à la transmission et la transcendance.

Extrait :

A l’heure où un virus nous confine sur des rives opposées, à l’heure où de ce côté l’on meurt davantage de stress, de désespoir et de suicide que du covid, je veux vous conter une rencontre avec la terre qui vous a mis au monde. Je sais que vos regards, peu à peu, s’en détournent comme on fuit ce qui est ardu, aride ou menaçant. Mais laissez-moi au moins broder la tapisserie qui dirait un voyage, des vies et des virages, des vents et des secrets qui vous ont pétris, des sables qui vous ont construits, des fils qui nous ont conduits, des liens qui vous survivent. Entonner le chant de saisons et de générations qui vous ont mûris. Consigner ce que les jours ont offert de pluie et de soleil, tamis, moulins et levains sans pareils.
Oser la confession qui n’est pas forcément d’une coupable.

Je veux croire que le limon charrié par les eaux d’une vie recèle quelque fertilité. Des rives du Cotentin à celles du Levant, ai-je su l’épandre sur vos terres, nourrir et révéler ? Saurez-vous trouver force ou réconfort dans l’humus qui vous a porté ? Les vrais trésors sont ceux que l’on ne peut thésauriser. Ceux que j’ai omis de vous léguer, maintenant que le chômage m’immobilise, maintenant que je peux donner à l’écriture la présence et le soin que je n’ai plus à vous retrancher, ma plume voudrait s’en saisir dans l’espoir qu’un jour, comme on jette une bouteille à la mer, s’il sied à Dieu, ils vous atteignent. De l’encre muée en tangue, des confidences changées en tourbe, des mots-varech qui suinteraient les bontés qui fertilisent, les manques qui élaguent, les errances qui édifient ; l’éternelle et lancinante recherche, l’origine, la route, la destination possible…