Dans un futur proche – 2085 – une forme hideuse de la démocratie s’est lentement substituée au socle des idéaux nobles du passé. D’ailleurs, plus rien n’existe que le présent : on s’active à la destruction du passé sous toutes ses formes, devenu inutile…

Les hommes, enfin ce qui reste de l’humanité vraie, se sont laissés envahir par la facilité de vivre et ont confié aux politiques le soin de décider de leur vie. Sous le masque du progrès et de l’égalité, la pensée critique s’est effacée progressivement au sein d’une société lisse en apparence mais qui dissimule une réalité beaucoup plus sombre : une « barbarie douce » où l’esprit et l’humanité même s’éteignent sans bruit, au profit de l’homme nouveau conçu par les manipulateurs de « IA ».

Depuis le fin fond des âges, les problèmes qui se posent à l’homme tournent toujours autour de leur liberté, du choix de leurs maîtres, car les sociétés humaines, à de très rares exceptions, sont holistiques.

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Extrait

Guilbert CORBEN (personnage par Jean François Mercey)

Corben était prompt à classer les êtres au premier coup d’œil, œil du gerfaut, sûr de lui, infaillible ; il était rompu à cet exercice ; sans doute parce qu’il était, comme lui avait dit Taylor lors d’une conversation anodine, « hors cadre », « hors-série ». Cela l’avait étonné ce mot, série, irrité même. Si la technique était devenue le quotidien des hommes, qu’elle l’accompagnait partout, il avait été surpris par l’emploi d’un vocabulaire qui assimile l’homme à la machine. Non seulement il y ressentait une sorte de supériorité affirmée de son Superviseur, mais il y voyait aussi comme quelque chose qu’il n’avait pas su atteindre naturellement, un obstacle à sa propre perfection, à l’infaillibilité de sa pensée…

MIA MONSKT (Personnage par Anne Bogaert)

J’attendais avec impatience que la porte s’ouvre, je restais plantée là, le regard fixé sur le pommeau de la porte, tout en acajou d’un rouge noir. Il représentait un dragon, beau, très beau, plus noir que rouge, j’étais fascinée, j’avais presque l’impression qu’il allait se mouvoir tellement mon regard le détaillait. Effectivement, ce n’était pas une illusion, le dragon s’était entortillé comme s’il allait jaillir puis disparaître, la porte largement ouverte m’indiquait que le moment était arrivé pour me diriger vers la salle d’audience. C’était la première fois qu’il m’était permis d’entrer dans cette salle. Je pensais qu’il y aurait toutes les pensionnaires, mais non… J’étais seule, un peu déçue, j’aurais tellement voulu être avec elles. Je me tenais un peu raide, ne sachant quoi penser, et contrairement à mon habitude, je perdais un peu de mon insolence.