Il est minuit, le 1er janvier 1944 ; Germain de Montignac et sa famille fêtent le Nouvel An au domaine du Haut-Pezenac, proche du village de Saint-Sauveur-de-Bergerac.
Les uns et les autres vont être mêlés, de près ou de loin, aux évènements qui vont se dérouler, dans le sud-ouest de la France, en Angleterre, en Algérie et à Paris, jusqu’aux instants de la libération de la capitale, le 25 août, 238 jours plus tard…
Dans ce récit se mêlent les personnalités qui ont participé activement à cette page de notre Histoire et les personnages imaginaires auxquels j’ai donné vie, en particulier mon héroïne « Léa de Montignac », et « Antoine Vauban ».
Cet ouvrage, que j’ai dédicacé à la mémoire de Régine Deforges, se veut être un hommage à toutes les femmes et tous les hommes qui, d’une manière ou d’une autre, au péril de leur vie et avec une totale abnégation, ont lutté contre l’envahisseur pendant les années 1940 à 1945, contribuant individuellement et collectivement à ce que la France retrouve son honneur et sa liberté.
Je remercie vivement Madame Léa Wiazemsky, la fille cadette de Régine Deforges, de ses encouragements.

« … un léger ronflement se faisait entendre dans le lointain. Puis le bruit devint progressivement de plus en plus fort ; guidé par le signal de l’Eureka, l’avion arrivait droit vers le terrain. Paul alluma sa grosse torche et la braqua dans la direction du bruit. Il lança, en morse, sa lettre de reconnaissance “L” — un point, un trait, deux points. Le vrombissement s’amplifia jusqu’à ce que la masse noire survolât le terrain ; l’avion émit alors en langage morse, à l’aide de ses feux de bord, la lettre “D” — un trait et deux points — de reconnaissance. Paul, le chef de terrain, braqua alors sa torche vers le balisage et les cinq feux s’allumèrent.
Le Lysander s’éloigna pour effectuer une large boucle avant de faire un nouveau passage en rase-mottes, dans un bruit de tonnerre ; le pilote vérifiait qu’il n’y avait aucun obstacle sur la bande d’atterrissage. Puis il remit les gaz pour effectuer une nouvelle boucle qui le ramènerait face au terrain. La masse noire descendait ; le régime du moteur faiblissait… le robuste train d’atterrissage toucha le sol et, après un rebond, l’appareil roula sur sa lancée à droite de la ligne de balisage. Dès que sa vitesse fut suffisamment réduite, il fit demi-tour et revint se positionner à proximité du groupe d’hommes qui attendait avec impatience l’issue de l’opération. Après un ultime demi-tour pour se trouver prêt à repartir, l’avion s’immobilisa.
Tout alla alors très vite : les arrivants, après avoir lancé leurs bagages, descendirent par l’échelle fixée à gauche de la carlingue ; le pilote lança au chef OPS l’enveloppe contenant le courrier en provenance de Londres. Les trois partants, après un chaleureux “au revoir”, s’installèrent dans l’avion ; on leur passa le carton de champagne et leurs bagages. Le tout avait duré moins de trois minutes. Le pilote poussait la manette des gaz à fond…
Le moteur grondait ; l’avion tressaillit, démarra lentement, pris rapidement de la vitesse… deux cent vingt mètres plus loin, il décollait… Antoine et les deux autres passagers, tassés à l’arrière de l’appareil, commençaient à se détendre… »