Description
Ce livre fut une libération d’un trop-plein de rancœur et de colère que je traduis à travers le destin de mes personnages. Il aborde des thèmes douloureux comme la maltraitance infantile et l’inceste, mais évoque également le poids des non-dits et des mensonges qui peuvent faire basculer les existences. J’ai souhaité approcher ces sujets telle une esquisse ainsi, les expressions imagées ont accompagné les maux tout au long de mon écriture.
Pourquoi le 30 octobre 1989, Pierre 9 ans souhaita rejoindre sa mémé assise sur les nuages ? Différents portraits de femmes : une mère, une grand-mère et une institutrice répondront à cette funèbre interrogation.
« La porte s’ouvrit brusquement et il n’eut pas le temps d’éviter la casserole qu’Elle, lui envoya en pleine face. Instantanément, il sentit son œil enfler.
— Quand je t’appelle, tu bouges ton sale petit cul de merdeux crasseux et tu rappliques dans la seconde ! Qu’est-ce que tu crois ? Que t’es à l’hot… à l’image du vêtement taché, les yeux de la voix rauque se remplirent d’une haine pesticide. Elle, l’attrapa par le colback et le jeta dans l’escalier qu’il dévala sur le ventre. Il vit alors les vermines, ces misérables, ces maudites bêtes minuscules. Il comptait bien se venger et les faire rouler sous ses doigts. Il tuerait chaque insecte qui croiserait sa route aujourd’hui. Il avait soif de châtiment, besoin d’exploser et expulser cette haine bestiale, mais pas le temps de pleurer, ni d’avoir mal et encore moins de manger. Juste une minute puis se relever et filer à l’école, royaume de paix. Il s’occuperait plus tard de ces fourmis infanticides.
Sur le chemin des leçons, ce petit bonhomme au visage bleui par une casserole volante cherchait à dénicher un énième mensonge à faire croire non pas à ses camarades, mais à son institutrice. Des copains, Pierre en avait peu. N’ayant pas le droit de regarder la télévision, les garçons de sa classe le trouvaient marginal et inintéressant alors il n’usait d’eux que pour les plumer aux billes ou aux osselets.
Il avançait claudiquant en se tenant la panse qui le martyrisait. Il aurait préféré manger autre chose que sa chemise au goût d’escalier ce matin. Son œil le faisait souffrir et il avait beaucoup de mal à l’ouvrir.
— Je dois avoir une sacrée tête. Les autres vont se moquer de moi et qu’est-ce que je vais dire à la maîtresse ? »