Le thème de ce livre, À Travers Toi, est clairement la famille et les relations entre parents, enfants et thérapeutes lors de traumatismes. Ayant moi-même été touché par une enfance difficile sur le plan familial, je souhaitais transmettre aux lecteurs qui ne comprennent pas le mal-être d’un enfant ou d’un parent face à une perte tragique, une partie des émotions qui peuvent nous traverser.

Ce livre se démarque par deux aspects : la présence d’un élément surnaturel qui va chambouler la vie de plusieurs personnages, et ses différentes chronologies qui maintiennent le lecteur en haleine de bout en bout, sans jamais trop savoir ce qui va suivre. Sa création permettra à ceux qui ont perdu des proches trop tôt de s’identifier tout en s’évadant dans un monde fictif bien que réaliste. Dans tous les cas, l’idée reste que ce livre est court pour conserver une forte intensité et ne pas avoir de moments de blanc trop prononcé.

Extrait de À Travers Toi de Armand MALERA

 » Elle poursuivait des dessins laborieux toute la route durant, anxieuse à l’idée de rester une heure entière assise en face d’un homme qui attendait d’elle quelque chose qu’elle n’avait pas le droit de faire, au risque de perdre la seule personne qui la comprenait vraiment, car Matthias était comme elle, il se sentait seul, abandonné. Alors oui, sa maman Cendrine lui apportait toute l’affection qu’une petite fille ayant perdu trop tôt son papa était en droit d’attendre. Mais sa compassion n’était pas de la compréhension, elle ne pouvait pas partager ce sentiment de rage enfoui à l’intérieur, cette impression qu’on lui avait enlevé une partie d’elle, ne laissant qu’un vide immense, un trou impossible à combler. À trente-six ans, Cendrine disposait toujours de ses deux parents, tandis qu’à onze ans, on demandait à Lola de se contenter d’un seul. En Matthias, Lola avait trouvé un partenaire capable de ressentir sa propre souffrance, lui-même atteint d’un mal encore plus profond, celui de rester à jamais dans un endroit qui ne voulait plus l’accueillir et surtout, destiné à ne plus jamais revoir ni l’un ni l’autre de ses parents adorés.

Sur le palier du bureau, Lola entendit le docteur François saluer cordialement le patient qui la précédait en lui rappelant la date et l’heure de leur prochaine entrevue. Elle jeta un regard inquiet à Cendrine, qui lui tenait fermement la main, comme pour lui montrer que même si elle devait entrer seule dans l’espace de travail du psychiatre, elle ne la quitterait pas en pensée. Cendrine blottit chaleureusement sa fille contre elle tandis que la porte du bureau s’ouvrait avec conviction. «