Je souhaite écrire une poésie « active » dans le sens de questionnante, malgré les ambiguïtés contrôlées qui jouent avec les mots. Souvent le lecteur est interpellé dans une sollicitation de réponse pour lui-même. C’est une raison de l’adresser à tous publics, de le confronter aux « sachants » (croient-ils) et à tous ceux qui cherchent, (sans cesse) parce que les réponses sont multiples et de choix difficile. Les mots que je préfère sont « douter » et « pourquoi ».
Depuis quelque temps je songe à introduire davantage de contradictions dans les images proposées car rien n’est absolu. S’il vous semble que rôde trop de fatras intellectuels, détrompez-vous j’aime les corps, les caresses et les désirs. À vous de voir ou plus exactement de lire.

J’ai voulu compter les pierres du chemin
Qui sentait bon le thym
Je me suis arrêté à la deuxième
Car les regardant je n’ai pas su choisir
A partir de quelle taille devais-je compter

Saisi par le vertige de la rigueur entrevue
J’ai levé la tête et mal m’en a pris sous l’éblouissement
Des milliers de chiffres se gravaient sur les feuilles
Des arbres complices heureux d’être déjà des livres
Sous le couvert nuageux masquant le compte des étoiles

Quels obscurs démons ai-je titillés sur le sentier
Qui ne m’apparaissait pas être celui de la science
Concentré que j’étais dans une quête fort utile
Dont la vocation était l’oubli d’une marche difficile
Vécu comme un raidillon aujourd’hui une piste hier

Entrevoir dans la sueur la nécessaire précision
Dans toutes recherches et voir que tout retourne à soi
Comprendre que seule la franchise doit être la règle
Que s’imbriquent choix décisions exécution restitution
Lorsque le monde vit dans le mensonge est éprouvant

Mentir sur les procédures pour répondre à la peur est étrange
Sauf si la confrontation est face au nombre qui fait force de loi
Face à l’immensité de ce qui est à dire paradoxalement exagéré
Face au divin et plus précisément à l’innommable qu’il faut définir
Le vrai ne pouvant être il n’y a plus qu’à fuir dans le mensonge

Pour ce soir c’est bien suffisant comme fuite
Demain après la nuit réparatrice par l’oubli
J’irais sur le chemin cueillir le thym qui sent bon