Description
Argos, un jeune chien, se met en quête d’aller retrouver sa petite maitresse Juliette partie en Angleterre dans le cadre d’un voyage scolaire. Son périple se révèle au fil des pages semé d’embûches. Ces péripéties obligent Argos à réfléchir à ses choix, aux rapports humains, à l’amour, au pouvoir, à la liberté… Chacune de ces situations est donc une introduction à la philosophie, et encourage le lecteur à développer et construire sa propre réflexion.
Le nom d’Argos fait référence au chien d’Ulysse : le déroulement du roman fait écho de loin en loin aux aventures du héros grec dans l’Odyssée. Argos doit affronter des monstres, être rusé, rester curieux et lutter contre la tentation d’oublier sa quête.
Se questionner n’attend pas le nombre des années. Pas la peine d’être une vieille barbe pour s’intéresser à la philosophie ! Questionnements intemporels ou interrogations face à l’actualité… au quotidien, les jeunes s’interrogent sur l’existence humaine et le monde qui les entoure. Les cours de philosophie offrent des pistes de réflexion, mais interviennent relativement tard dans le parcours scolaire. D’où la nécessité de rendre accessible la philosophie à des collégiens, à l’aide d’un conte philosophique aussi pédagogique que distrayant.
« Tu vois, continua Monsieur Paradoxe après une courte pause, c’est un peu ça la philosophie : tu poses des questions. Tiens, je vais t’en poser une qui est amusante : si je t’affirme que je ne dis que des mensonges, est-ce que je dis la vérité́ ?
Argos réfléchit et trouva qu’il n’y avait pas de bonne réponse : si Monsieur Paradoxe disait la vérité́, alors c’était faux de dire qu’il ne faisait que mentir ; si ce qu’il disait était faux, alors c’était vrai qu’il ne faisait que mentir. Ça ne fonctionnait pas !
— Ah ! dit Argos. C’est amusant ! Vous en avez une autre comme ça ?
— Tu es devant un lion affamé et il te dit : “Si tu devines ce que je vais faire, je te laisse la vie sauve ; sinon, je te dévore”. Imagine que tu lui répondes qu’il va te dévorer. Que va-t-il se passer ?
Monsieur Paradoxe consulta alors sa montre.
— Bon, je dois y aller maintenant. À demain !
Monsieur Paradoxe remit son horrible masque à bec d’oiseau et partit. Argos avait bien aimé le petit jeu des pourquoi et il y joua des heures et des heures : pourquoi Endora est-elle si méchante ? Pourquoi Édouard est-il si snob ? Pourquoi Juliette est-elle partie en Angleterre ? Et il remontait de parce que en parce que et arrivait invariablement au même point : il ne savait rien ! Mais comment savait-il qu’il ne savait rien ? Ce n’était pas possible puisqu’il savait qu’il ne savait rien ! Ah là là… !
Quand Monsieur Paradoxe revint, Argos fut étonné́, car il n’avait pas l’impression qu’une longue journée avait passé́. “C’est bizarre, se dit-il en se jetant sur ses croquettes, je n’ai pas eu le sentiment d’être dans cette cage depuis hier ; mon esprit a vagabondé où il voulait… Je comprends maintenant quand Juliette trouve qu’une heure de maths c’est beaucoup plus long qu’une heure de danse ! Vive la philosophie !” »
Illustrations : Charlotte Guillier