Description
Ce récit, mettant en scène quatre personnages principaux, deux hommes et deux femmes, est une promenade intemporelle, une analyse de comportements, de sentiments, de goûts, la description d’une interaction subtile ou passions et libertés se mêlent. Le lecteur se verra dans les lieux, les situations, se sentira part de chacun des personnages, éclairé par les références intemporelles des grands Philosophes et écrivains. C’est ainsi à un voyage que l’auteur invite, du Boulevard Exelmans à Paris à la Toscane, du merveilleux Portugal aux frondaisons de la forêt de Tronçais en Bourbonnais. Voyage, mais aussi thérapie littéraire hors des modes, confrontant aussi la Science et le monde des humains, la réflexion sur le « temps », autant que l’esthétique des jardins italiens ou l’Équitation Classique.
Extrait :
« Les nuages opacifiaient maintenant le ciel au-delà de la fenêtre. Elle se sentait bien dans son cocon, chaud et sentant un peu son parfum et celui des livres, qui envahissaient tout. Chacun d’eux était un peu sa chose, empli de marques de couleur, leur auteur devenu quelque peu un ami, un partenaire, un confident ; le nom du donateur inscrit sur la première page rappelait quelque ami parti, quelque parent disparu, quelque relation oubliée. Tel était son univers de pensée, de calme retrouvé, de plaisir ineffable, une vie ailleurs, dans un monde d’idées, d’aventures, de récits, de mots, de cartes, de dessins, tout ce qui faisait son équilibre. Dans sa vie, au-dehors, elle se savait belle, élégante, souriante, elle plaisait et appréciait l’admiration qu’elle sentait autour d’elle ; elle captait alors l’attention sur ce qu’elle disait, à un auditoire souvent beaucoup plus âgé, qu’elle savait traiter avec une aisance déférente et parfois connivence.
Bernard l’encourageait dans ce jeu de subtile captation mais surtout efficace. Dans un monde où la rationalité n’était que l’apanage de quelques-uns, où le dynamisme n’était pas fréquent, les entreprises empêtrées dans les processus et la routine, le reste de la population souvent englué dans les fausses nouvelles, l’à peu près, la recherche du confort sous tous ses aspects, les êtres d’exception étaient rareté, toujours en décalage. Pour cela elle se sentait souvent seule, dans ce qu’elle entreprenait avec enthousiasme, consciente d’être contrainte de “tirer” les autres, de les secouer, les amener à agir.
Les ombres du passé la poussaient en-avant, ainsi qu’un mur mobile constitué des moellons de son histoire, même si celle-ci était courte. Ces fantômes s’agitaient parfois dans son esprit, troublé par un reflet, une parole, un air de musique. C’était une force, celle de l’expérience multiforme, d’idées, de paroles, d’actes, de faits. Chaque soir en s’endormant, elle ressentait cette poussée, celle de la vie.
Délabyrinther ses sentiments est difficile. Laura se sentait gênée par les attentions manifestées par Bernard, trouver la bonne distance était chose délicate, clarifier son ressenti trop ardu au moment présent. »