ÇA VA L’FAIRE !

 Chroniques d’un cancer annoncé
de Katia Bertheux

J’ai toujours détesté écrire.
Je n’aime pas me payer de mots, ils m’inspirent trop de respect pour en user, à tort et à travers. Et je devine trop leur pouvoir pour ne pas m’en méfier. Écrire, c’est prendre le risque d’ouvrir une faille sur l’intime, alors j’évite. Mais face à ce tremblement de l’être qu’a été l’annonce de mon cancer, mes repères ont bougé, mes certitudes ont vacillé. Et j’ai eu besoin d’écrire quelquefois, envie souvent. L’écriture ne m’a pas sauvée mais elle m’a aidée à tenir debout, malgré tout.

Je vous propose de participer à la naissance de mon livre en m’aidant à faire de sa parution prochaine avec les Éditions Maïa, un succès. Plus les préventes seront nombreuses, plus il sera promu et diffusé. En retour, vous y graverez votre empreinte et y serez mentionnés en page de remerciements (selon accord). Vous recevrez ainsi le livre en avant-première, frais de port inclus !

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Lundi 27 Février 2023.
On m’annonce – enfin ! – que j’ai un cancer du sein.
Mardi 27 Février 2024.
Je suis toujours là, bel et bien.
Un an. Une éternité. Ou une seconde, selon.
Et entre ces deux dates, tant d’autres. Douloureuses, douces, essentielles, insignifiantes. Tant d’autres qui ont jalonné ce drôle de chemin, tortueux et torturé, que la vie m’a incitée à suivre. Tant d’autres comme autant d’invitations à réfléchir sur mon rapport à la maladie bien sûr, mais surtout aux autres, à mes aimés, et à mon travail aussi. Tant d’autres que j’ai dû affronter vaillamment, que je me suis quelquefois contentée de traverser, simplement. Mais tant d’autres qui, toutes, m’ont vue avancer, pas après pas, avec cette conviction chevillée au cœur que chaque jour suffit sa joie.

Extrait de  ÇA VA L’FAIRE ! – Chroniques d’un cancer annoncé  de Katia Bertheux

Samedi 11 mars 2023 (J + 12)
Et puis il y aura des mots plus douloureux à prononcer que d’autres.

— Bon, les Garçons, il faut qu’on vous parle…
Il me reste étonnamment assez peu de souvenirs de ce moment qui est pourtant celui que je redoute le plus depuis le début de cette aventure. Souffrir est une chose, savoir que l’on va forcément faire du mal à ceux que l’on aime une tout autre.
Quelques images tels des flashs demeurent : les larmes de Brieuc, la mâchoire serrée de Marin, ses bras protecteurs autour de son petit frère, les regards échangés avec Laurent, nous quatre enlacés au milieu de la cuisine…
Et tous ces droits que nous leur avons donnés : être triste, avoir peur, vouloir comprendre, poser des questions, attendre des réponses, se sentir en colère, en parler, se taire, s’en moquer, ne pas y penser, rester heureux, rire encore… en rire même !

Maintenant nos Garçons savent et leurs jours ne seront plus tout à fait les mêmes. J’en ai conscience alors que je réveille doucement Brieuc, le lendemain. Devant sa faible motivation, je lui susurre une blagounette à l’oreille. Il plante alors ses deux billes bleues encore embrumées dans mes yeux.
— Maman, je t’aime plus que tout… Mais, vraiment, je suis désolé : ton cancer ne t’a pas rendue plus drôle. Alors laisse-moi dormir…
Et il se retourne.
Dans la pénombre de cette chambre, à genoux devant cette nuque encore fragile d’enfant, je fonds en larmes. Je pleure de bonheur, de fierté, de reconnaissance. Je me sens invincible ! Tu as tout compris, mon Fils. Ne nions pas le cancer, nommons-le. Pas de « crabe » ou de « longue maladie » entre nous. Mais, autant que possible, mettons-le à distance respectable et acceptable par le rire, par la dérision… que les vannes continuent de fuser dans notre maison ! Et il ne nous arrivera rien. Je te remercie de ce cadeau mon Fiston. Même si, vraiment, je ne comprends pas votre obstination, à ton frère et à toi, à me refuser tout talent humoristique.
Mes enfants ne me trouvent donc pas drôle. Apparemment, je ne tiens pas la comparaison avec leur père, maître es-rigolades de notre petite famille. Soit.
Tant pis, cela ne m’empêchera pas d’user de cette arme de destruction massive qu’est le rire, d’en abuser même, quitte quelquefois je le sais et le regrette, à choquer. Je rirai autant que possible de moi, de mon petit sein, de cette saloperie qui me bouffe la vie. Passer du rire aux larmes, dit-on. Et bien j’emprunterai le chemin inverse. Je ferai mienne cette réponse de Figaro au Comte qui s’étonne de l’heureuse philosophie de son valet : « Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer ».
Rire n’empêchera pas la peur qui est désormais ma fidèle compagne. Peur de mourir, de souffrir, de peiner, de sombrer. Rire n’empêchera pas les larmes qui affleurent si souvent. Mais l’espace d’un instant, d’un bon mot partagé, je serai plus forte que la peur et que les larmes. C’est un instinct de survie qui s’impose à moi. Rideo ergo sum ! Il me semble que c’est aussi une forme de politesse que je dois aux autres… la politesse de l’espoir.

  • Les étapes de la création

    L'objectif de cette campagne est d'atteindre 990 € de préventes, qui participeront à la diffusion et à la promotion du livre lors de son édition officielle. Auteur(rice), lecteur(rice) et amoureux(se) des mots, votre collaboration est valorisée pour faire de ce projet tant attendu, une belle réussite, grâce à l'équipe professionnelle des Editions Maïa. En précommandant, vous gravez votre empreinte dans cette œuvre originale et y inscrivez votre nom*. Vous recevrez vos contreparties dès la fin de la campagne de prévente.

    *selon votre accord