Ce livre est le récit d’une véritable aventure. Ce défi, relier Chamonix à Nice a été le prétexte à se ressourcer en montagne. La lenteur du cheminement, à l’opposé des discours de performance de la société, permet de prendre du recul sur la vie. Mes connaissances de la montagne, des problématiques liées à l’épuisement des ressources et au réchauffement climatique ressortent au gré de mon cheminement et de mes pensées.
Mais loin d’un déballage de mauvaises nouvelles, ce récit documenté montre que nous pouvons vivre des aventures extraordinaires à deux pas de chez nous, dans notre magnifique pays (et son voisin italien) et qu’il n’est pas nécessaire de prendre l’avion pour cela. Il est une ode à la puissance des intentions, de l’énergie positive que nous pouvons dégager, du destin que nous pouvons forcer avec beaucoup de bon sens… Finalement, C’est un cri d’amour, l’Amour de la Nature, dont les hommes font partie, l’Amour comme la meilleure arme pour protéger ce que nous aimons !
Ce livre s’adresse à tous ceux qui ont envie de vivre, et qui souhaitent la même chose à leurs enfants…

Extrait du livre

Je me lève aux premières lueurs, avec la vue plongeante sur la vallée. Au fond, j’aperçois les premiers contreforts des Alpes qui s’enfoncent vers les plaines du Piémont. Le ciel rougeoyant et les premières lueurs du matin éclairent de mini champignons nuageux qui émergent de la plaine italienne, paysage unique, étonnant, changeant. La nature m’offre à nouveau un spectacle subjuguant qui me remplit de joie. Je quitte mon « observatoire », et passe le col della Gianna. Je me retrouve alors face à un géant, une tour triangulaire aux reflets bleutés, striée de veines de neige encore présentes dans les couloirs d’avalanche et qui se finissent en cône à son pied. Le Viso (3841m) s’offre à moi !
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Observer le monde depuis un sommet donne une autre vision des choses. Les voitures sont des fourmis, l’agitation du bas de la vallée paraît bien dérisoire. Derrière cette vision, c’est une perception très philosophique du monde. On prend du recul sur l’important, sur le temps, l’urgence, la vitesse. Et loin de toute cette agitation, on déguste le temps présent, on savoure ce que nos petits pas si dérisoires et lents nous ont permis de parcourir. En s’élevant au rythme de la marche, on s’extrait lentement, on savoure la vie, on observe, on ressent…
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Relier Chamonix à Nice à pied semble être un défi inaccessible pour beaucoup de personnes aujourd’hui, qui n’arrivent plus à concevoir d’autres moyens de transports que ce que l’on connaît. Pourtant, pas après pas, au rythme de la respiration, les kilomètres défilent inexorablement. Le trajet est le voyage, le chemin nourri. Je vis avec la nature, au rythme qu’elle m’impose. Je ressens, j’observe, j’écoute, je m’imprègne. Cela n’a rien à voir avec un trajet en voiture de 400 km. La grosse différence, c’est le temps. Prendre le temps de se déplacer. Donner toute sa beauté à la lenteur.

Extrait 2 :

Jour 8

Le soleil est revenu ce matin. Avec la fatigue de la veille sur ces chemins éprouvants, je me lève à 6h, un peu plus tard que d’habitude. Les ampoules contractées hier vont-elles être un handicap aujourd’hui ?
Depuis le départ, je ressens quelque chose de curieux en moi. J’ai l’impression que le corps et l’esprit discutent entre eux, comme s’ils étaient deux entités séparées. C’est une sorte de négociation, et pourtant, ils ne font qu’un. Hier soir, en me couchant, j’ai mis toute mon attention sur mes ampoules apparues lors de cette longue journée, en demandant au corps de réparer cela pendant la nuit. Je constate avec joie ce matin qu’elles ne me font plus souffrir, je ne les sens plus. C’est surprenant. Aussi incroyable que cela puisse paraître, je suis persuadé que nous avons des ressources cachées dont nous n’avons pas conscience.

De même, mon sac à dos est toujours aussi lourd quand je le soulève. Dès que je l’ai sur le dos, il a été intégré dans mon schéma corporel et son poids, finalement, ne représente plus vraiment une gêne. Tout mon être s’est adapté à ces nouvelles contraintes, dans la posture et le rythme de marche plus lent, afin de prendre en compte le surpoids. La puissance du corps et de l’esprit se révèle petit à petit. Qu’ai-je encore à découvrir ?
Après ce check de départ, je me mets en route. Je perçois les signaux de la fatigue accumulée. Je le ressens et je démarre la journée lentement, en pleine conscience des sensations. On peut parfois, sur de longs efforts, ressentir un sentiment d’épuisement, à se demander ce qu’on fait là. Mais ici, la joie de la marche et des paysages finit par l’emporter et corps et esprit se mettent en phase pour aborder sereinement la montée vers le « Monte Pintas ».
Gravir un col est une épreuve qui demande au corps une dépense énergétique conséquente, on parle d’effort pour atteindre le sommet. Certains parleraient de souffrance ! La différence entre effort et souffrance tient au fait que c’est l’esprit qui a décidé. Un effort imposé peut devenir une souffrance.
Cela m’évoque les efforts nécessaires pour changer nos modes de vie. Si nous choisissons de nous engager pour préserver la planète et la vie, nous aurons des efforts à faire. Si nous attendons le point de non-retour, et que nous subissons la réponse de la terre (le dérèglement climatique et les catastrophes associées, l’appauvrissement des ressources), cela nous obligera à nous adapter dans de probables souffrances ! Les hommes perdront probablement une partie de leur liberté, et devront se soumettre aux contraintes imposées par les états, qui n’auront pas d’autre choix afin de préserver les ressources et la vie ! C’est ce qui pousse dès aujourd’hui certaines personnes, que je qualifierais de « raisonnables », à appliquer en conscience une philosophie de vie orientée vers plus de sobriété volontaire.

Article de presse France Bleue :