Les mots, selon moi, sont ce qui nous délivre de notre solitude illusoire. Grâce à eux, nous pouvons franchir les limites de notre corps et accéder à l’autre. Ils nous permettent de faire sortir et de donner à voir ce que nous avons à l’intérieur, ce dont l’autre ne connaîtrait pas l’existence si les mots n’existaient pas. Ainsi, on peut également dire que les mots nous lient. La poésie, quant à elle, permet de dire l’indicible. Elle nous libère, car avec elle, nous sommes libres d’articuler les mots comme nous le souhaitons. Nous pouvons exprimer des choses que nous ne saurions dire avec le langage courant ou académique. La poésie est l’écriture des émotions, de l’insaisissable.

Durant mon détour personnel, écrire était ce qui me permettait de respirer à nouveau. J’entrais dans une douce transe où le temps et l’espace disparaissaient. Je créais à partir de ce qui m’habitait à un moment précis, sublimant et transcendant ma douleur.  Quel serait donc le summum de la délivrance ? De la sublimation ? Du contact avec autrui ? Pour moi, ce serait de vous partager ces poèmes. Ce premier recueil vous invite à découvrir l’univers où ma créativité a germé. C’est un monde d’intensité et de légèreté, où la nature occupe une place importante et est agité par les éléments. C’est un lieu de solitude où l’amitié s’en va, où l’amour est ardemment désiré, où la colère fait rage… Un monde de musique enveloppante et de sensualité décomplexée. Un espace où le temps est une dimension problématique qui nous fait tarder à rentrer à la maison.

Chemin du Détour est donc un recueil initiatique vibrant, écrit tout au long d’une dizaine d’années, jusqu’à très récemment. Ces poèmes sont les témoins d’une errance significative, durant laquelle il est question de retour à la vie, de renouer avec elle, de chercher sa place, de reconquête et de réalisation de soi.

Extrait de  Chemin du Détour  de Tracy Halley

J’ai le cœur qui saute en parachute.
J’ai envie de toucher le sol.
Que cette apnée prenne fin.
C’est l’ouragan dans mes poumons
Puis dès que je crie, je détruis…
On me dit d’apprendre à respirer,
Je demande qu’on ne me coupe pas le souffle.

Il y a une capote entre le Monde et moi.
Je veux juste qu’il me prenne enfin dans ses bras
Avoir le toucher qui impacte
Jouir de la vie et Créer…

Chimiste, j’ai les cheveux explosés à force d’expériences
Mais je sais que la juste formule m’habite.
Je cherche la terre promise,
Juste quelque part où atterrir

Tu as été mon vent favorable bien que tumultueux
J’ai foi que tu n’es pas seulement mon passeur
Et je n’en reviens pas du beau paysage qui se déroule en dessous de nous…
Je veux toucher le sol.
Calmons-nous, et descendons un endroit où il n’y a personne
Retire ce qui nous sépare
Le pollen qui s’est collé à nous durant le voyage,
et qui nous étouffe maintenant,
demande à être distribué.