7 Auteurs – 7 Nouvelles

Il y a des livres qui s’accrochent à nous comme des chiens perdus. Nous côtoyant tous les jours Ils sont comme des frères. Certains livres ne se fermeront jamais car ils n’ont pas de dernière page. A un brocanteur des quais de Seine j’aurais bien vendu ma bibliothèque mais Je n’ai pas pu. Il n’y a pas d’innocence à lire un livre car il est souvent un miroir qui nous raconte……

Flaubert, Rimbaud, Gide, Mauriac, Céline, Camus, Modiano. furent mes compagnons de route, ils ont participé, par delà les temps qui passent, à l’occasion de rencontres, de hasards et d’imaginaires, à mon histoire et révèlent quelque part un écho de moi- même. En leur rendant hommage, pour m’amuser, c’est, à mon insu, mon autoportrait que j’ai sans doute dévoilé . Mais ce livre m’a échappé, il est maintenant le vôtre.

Extrait

RIMBAUD – Mon vieux Paris avait peine à se détacher de l’ombre de la Seine qui se trémoussait d’aise. Les mains dans mes poches crevées je flânais sur les quais à la recherche du temps perdu. Que cherchez-vous ? Du Rimbaud, parbleu ! ,,

CAMUS – Aujourd’hui Camus est mort ou peut être hier, je ne sais plus. Je suis alors rentré dans la mer égorgée par le soleil. J’ai voulu me distraire et ignorer le texte. Laisser la page blanche.

CELINE – Tu étais d’une autre veine, d’un autre bois. Travail Famille Patrie ? Non, ce n’est pas toi ! C’est une saillie d’épicier ! Foutez-moi la paix je vous emmerde ! Cà c’est du Céline !

MAURIAC – Cette ville est étrange qui dédouble les silhouettes. Bordeaux ? Une ville à cataracte.

GIDE « Mais, voyons, Patrick, on ne lit pas ça, chez nous ! »
Est-ce vous Monsieur Gide qui m’avait soufflé à l’oreille cette admirable réplique avec votre inimitable ironie : mais voilà donc une bonne raison pour me lire quand même ?
FLAUBERT– Flaubert ? Pour moi, pendant un temps que ma mémoire seule peut décompter, tu ne fus qu’un nom prononcé dans quelque cours de classe par un vieux professeur au tablier gris écrivant encore à la plume d’oie.

MODIANO – Nos mémoires sont sur le fil d’un rasoir, usées et fragiles, elles finiront bien un jour par aller sottement se noyer. Mais où ?