Le livre est centré sur un personnage qui s’est fait enlever par une mystérieuse société secrète et qui a subi un véritable lavage de cerveau. La secte a trouvé en lui la bonne personne pour une grande mission, mais il va lui échapper et devenir plus redoutable qu’elle. C’est une histoire sombre, avec beaucoup d’analyse psychologique et sociologique, dans une perspective qui est aussi philosophique. C’est une expérience particulière dans un monde où il n’y aucun espoir. L’une des originalités du livre tient aussi à son écriture dans une veine poétique, un peu à la William Blake. Une autre tient au point de vue adopté qui est celui du personnage, un anti-héros paradoxal. Mais il s’adresse plutôt à un public averti, aux amateurs de thrillers et d’intrigues noires, tout en cultivant surtout la saveur de la transgression, et aussi le goût de la légèreté. Pour les amateurs de frisson et de suspens, mais qui veulent pourtant aller plus loin et s’interroger sur la noirceur de la nature humaine. En partie d’inspiration autobiographique, mais aussi fruit de lectures comme American Psycho de Bret Easton Ellis (dont est tiré le film) ou même de Céline, il entend livrer une analyse sarcastique mais assumée des ressorts cachés de l’homme et du fonctionnement de la société.

Extrait

Paris est belle quand elle déballe tous ses secrets. Avec une musique lente et lourde. Des cadavres pendent aux lampadaires comme des décorations de Noël. Les gens n’y prêtent plus attention, cela fait partie du paysage. Depuis quelques années, nous sommes devenus un pays très autoritaire. À côté duquel les Etats Unis deviennent presque un petit paradis. Je ne sais pas pourquoi la France a évolué ainsi, et spécialement, Paris. À chaque coin de rue, on entend la chanson : « Aux Champs Elysées » de Joe Dassin. Autrefois, le refrain suscitait la bonne humeur. Par la suite, le refrain est devenu l’horreur absolue. Les Champs Élysées se sont transformés en cimetières, suite aux hécatombes, parsemés de magasins de luxe. Paradoxalement, la musique ne reflète pas l’opulence, mais la décadence. Paris a rendu les armes légales. Explosion de la criminalité et des meurtres. Voilà dans quel contexte va s’achever le dernier chapitre de ma vie.
Mon cœur appartient à Diana, qui est une mangeuse d’hommes, un peu comme Satanico Pandemonium, dans « une nuit en enfer ». Pour beaucoup de gens, ma vie est un tableau grotesque, en même temps qu’une scène de luxure. Ils aimeraient avoir ce chef d’œuvre dans leur salon pour qu’ils puissent se rappeler que leur vie est tellement médiocre et sans intérêt, enfermée dans une routine robotique et sans saveur. Je me suis toujours demandé ce que cela fait d’être faible et sociable. Cela doit être ennuyeux, non ? Ennuyeux peut-être, ou intéressant. Les faibles, c’est un cadeau, du pain béni pour les supérieurs. Il faut leur faire comprendre qu’il n’y a aucune échappatoire et que la seule manière de les soumettre est de les attaquer au bon moment. Il suffit d’observer leur croyance et leur comportement, notamment avec leur femme. Il faut soulever le doute. Et le diable est très fort à ce jeu-là. D’une manière ou d’une autre, l’employé est incapable de se remettre en question et il baigne dans le déni. Alors autant être courtois avec leur femme si vous voyez ce que je veux dire. Et si vous voulez pousser le bouchon plus loin, mettez en scène une soirée sublime de luxure autour de votre dulcinée, entourée de prédateurs. C’est comme cela que l’on contrôle ses employés. La société tout entière marche ainsi. C’est cruel, mais c’est la loi. Les hypocrites sont les plus cruels. Et Dieu, dans tout cela, est une cape derrière laquelle on se cache, car les gens attendent un sauveur. Peu importe qu’il soit ou non un Ted Bundy.