Plus qu’un échappatoire, ce récit est la fin de mon processus de guérison. J’ai décidé d’y dévoiler mon enfance incestueuse et mes épreuves qui en ont découlées. De cette façon, je me libère d’un poids et en même temps je montre que la guérison est possible. Le combat est long et rempli d’embûches, mais on peut réussir à se pardonner ce qui nous a été imposé. A travers mon passé, j’ai pu apprendre des autres mais surtout en apprendre sur moi. Qui suis-je ? Qu’est ce que j’accepte de me pardonner et pourquoi ? J’aimerais que ce livre inspire chaque personne blessée, humiliée, brisée, qui a besoin d’un coup de pouce et d’un œil bienveillant pour avancer. Et j’aimerais aussi qu’il serve à la prévention et à la sensibilisation, car ce genre d’histoire concerne beaucoup trop de personnes, de familles. Aidons nous à sortir du silence.

Extrait du livre :

A ce moment-là, me voilà parti pour je ne sais combien de temps, je ne sais combien de questions, toute seule face à cette femme que je n’ai jamais vu de ma vie. Mais qu’est-ce que je fais là ?
Je m’assois devant son bureau, elle ferme la porte. Devant moi, je peux constater qu’il y a un micro et une caméra juste au niveau de mon visage. Je ne comprends pas, elle devait juste me poser quelques questions, je n’étais pas prête à tourner un court-métrage. Plus ça va, plus je me sens mal, je transpire, mes mains sont trempées, mes jambes s’agitent toutes seules.
Elle m’explique que maintenant il va falloir raconter ce qu’il m’est arrivé, TOUT ce qu’il m’est arrivé. Elle me dit aussi que je serai enregistrée en vidéo, uniquement à des fins privées au sein de la brigade, concernant le suivi de l’enquête. De toute façon, j’ai l’impression que je n’ai pas trop le choix.
Je n’ai que onze ans et je me rends compte finalement que je n’ai ni eu le choix de vivre ça depuis tout ce temps avec lui, ni eu le choix d’être là et aujourd’hui je n’ai encore pas le choix d’être filmée et enregistrée. A cet instant, j’ai vraiment l’impression d’être spectatrice de ma propre vie et de ne rien pouvoir contrôler.
L’interrogatoire commence avec des questions d’abord assez simples. Je vois que la femme écrit tout ce que je dis, c’est très perturbant. Elle me redemande mon nom, mon prénom, ma date de naissance, la classe dans laquelle je suis, le nom du collège où j’étudiais. Puis, on en vient à la fameuse histoire. Je bégaye un peu, je la fais répéter car je ne comprends pas vraiment ses questions, elles sont beaucoup trop crues !
Puis, elle me demande les détails de cette fameuse nuit du quatorze juillet sous la toile de tente.