Le thème principal est le chantage et les thèmes secondaires sont : l’amour contrarié, l’exil forcé, l’émigration clandestine. Modeste agent de service dans un petit collège du sud de La Réunion, Jean-Guy Fontaine rêve d’une vie de pacha. Il a une obsession : l’argent et il est prêt à tout pour s’en procurer : vol, braconnage, trafic en tout genre. Sa dernière trouvaille : prendre à leur insu les photos des imprudents qui se livrent à leurs ébats amoureux en pleine nature en vue de les faire chanter. Un jour, il tombe par hasard sur une scène inattendue qui pourrait lui rapporter le jackpot.

L’originalité de cette histoire c’est qu’elle se passe dans une partie du monde encore sous-développée et méconnue dans les années 1960 à 1980 : le sud-ouest de l’Océan Indien, en particulier l’Île de La Réunion, devenue Département en 1946 et l’île Maurice qui accède à l’indépendance en 1968. À cela s’ajoute une belle histoire d’amour se déroulant avec un suspense qui tiendra le lecteur en haleine de la première ligne à la dernière. Un vrai thriller, écrit dans un style limpide et fluide à souhait qui incitera le lecteur à tourner les pages et à ne plus le lâcher jusqu’au point final. À lire sans modération.

« Le lendemain à 8 heures quarante-cinq, Jonas arrive au Café de la Gare sur le front de mer de Saint-Pierre. Attablé à la terrasse qui faisait face à la mer devant une bière Bourbon et tenant entre ses doigts jaunis un gros havane, Claude l’attendait. Il se leva et l’invita à s’asseoir. Jonas l’avait vu plusieurs fois en compagnie de son Rédacteur en chef. Il devait avoir entre 70 et 80 ans et avait l’air en forme.
— Vous m’accompagnez ? proposa-t-il en se rasseyant et en désignant sa chope de bière.
— Pourquoi pas ? Il fait rudement chaud pour un mois de juin et ça donne soif.
Le vieil homme plongea la main dans la poche de son veston Hugo Boss et en sortit une photo qu’il tendit à Jonas. Celui-ci la prit d’une main tremblante et l’examina. C’était la photo d’un homme d’âge mûr, très grand, aux cheveux gris en bataille, au visage empreint d’une grande tristesse, habillé d’un costume léger de couleur blanche et s’appuyant sur une cane de la même couleur. Malgré les années qui avaient défilé, il reconnut sans peine celui à qui il avait dit le 5 juin 1972 : “À ce soir, Papa !” Sans qu’il pût se contrôler, il se mit à pleurer. Sans un mot, Claude lui prit les mains et les pressa entre les siennes.
La serveuse arriva avec la Bourbon, la mit sur la table d’un air gêné. Elle allait ouvrir la bouche pour dire quelque chose, demander peut-être pourquoi cet homme pleurait. Claude lui fit signe de se taire et de partir. Quand Jonas parvint à se contrôler son émotion, Claude leva son verre et l’invita à trinquer avec lui.
— Maintenant, écoutez-moi. ce sera long, mais il faut que vous m’écoutiez jusqu’au bout. »