Shoah est un mot hébreu qui signifie « catastrophe ». Ce terme désigne la persécution et l’extermination systématique d’environ 6 millions de Juifs par le régime nazi et ses collaborateurs entre 1933 et 1945.
Les dix témoignages que je vous propose de lire ont été rédigés à partir des interviews que j’ai menées auprès des derniers survivants de la Shoah : ils sont donc réels. Chacun d’entre eux s’est investi, depuis la montée du négationnisme, dans ce devoir de mémoire, témoignant inlassablement devant des classes scolaires, malgré la difficulté d’évoquer ces douloureux souvenirs. L’objectif qu’ils se sont fixé est de transmettre aux jeunes générations cette sombre page de l’Histoire afin que PLUS JAMAIS ÇA.
Ils ont fait de moi un « passeur de mémoire », un « témoin des témoins », et j’espère être à la hauteur de leur espérance en reprenant le flambeau.

« Il faut en parler, il faut raconter pour que plus jamais cela soit une réalité.
Attention ! La haine, c’est un pied dans Auschwitz ! Rappelez-vous-en ! »
Ginette Kolinka

Après trois jours et trois nuits d’un voyage cauchemardesque, le train de marchandises arrive sur la Judenrampe (« rampe des Juifs ») du camp d’extermination de Birkenau.
La porte du wagon s’ouvre brutalement.
« Schnell, raus ! » (Dépêchez-vous, sortez !)
« Laissez toutes vos affaires dans le wagon ! »
Les hommes qui aboient ces ordres sont vêtus de pyjamas rayés et de calots rayés.
Il n’y a pas de marchepied et la hauteur du wagon est importante. Pour s’en extraire, les gens sautent au sol tant bien que mal, s’aidant mutuellement.
Lorsque Simone descend à son tour du wagon et se retrouve sur le quai, elle remarque que des personnes de son convoi sont assises par terre. Les hommes en costume rayé les rassurent : « Vous pouvez rester assis, un camion va venir vous chercher ! »
C’est la débandade, les gens ne se resserrent pas assez au goût des SS. Les hommes en tenues rayées
– toujours eux – passent alors au milieu de la foule. Ils se servent de leurs petites triques pour battre.
Les coups pleuvent.
Ils ne font pas de détails.
Mais ils tirent aussi des barbes…
« C’était la fin du monde et nous on avançait, maman, mon frère et moi…
On est arrivés sur la rampe.
On ne savait rien encore.
La douche était à droite.
On avançait tous les trois et, tout d’un coup, nous nous sommes retrouvés devant deux officiers allemands SS… »
L’un des deux SS ordonne à Julie et Benoît de partir vers la file de droite.
Simone, quant à elle, doit partir à gauche.
Julie intervient :
« Mais c’est ma fille ! » s’exclame Julie.
« Dans quelques jours, vous allez vous revoir ! » lui répond l’un des deux SS.
Au moment de leur séparation, Simone se réjouit pourtant à l’idée que son petit frère sera avec leur maman.
Elle est loin d’imaginer qu’elle ne les reverra plus…