J’ai écrit cette histoire suite à l’épidémie de Covid et ses effets sur le monde politique et notre société de consommation. Il s’agit d’une uchronie, qui parle justement d’une épidémie de ce genre dans laquelle la maladie apporte à ceux qui en souffrent et survivent des conséquences surprenantes : le malade guéri acquiert une sublime beauté. Tous les étages de la société sont contaminés par cette révolution. Au-dessus de tout cela, des personnalités politiques qui ressemblent furieusement aux nôtres essaient de tirer leur épingle du jeu à la façon de marionnettes dans un décor de papier mâché.

Le ton du récit se veut léger, drôle et sarcastique. Les personnages, hormis les vrais héros représentés par un jeune couple amoureux, tiennent de la caricature. Mais une caricature, bien souvent, nous renseigne mieux sur un caractère que bien des études. Rire nous permet, un instant, de conjurer la misère des temps.

Extrait

Ouf ! Le pensum prend fin… On se détend. On passe aux mesures à prendre : un nouveau confinement ? Déjà fait ; il faut innover.
– On pourrait fermer les Mac Do.
– Tu n’y penses pas, Édouard ! Où ma baby-sitter va-t-elle emmener mes gamins ? Du moment que je n’en entends pas parler. Et si on interdisait les pique-niques en forêt ?
– Oui, ce ne serait pas mal. Comme nous sommes en hiver, cela mécontentera peu de monde et les gens auront l’impression que nous agissons.
– Et si on renvoyait les sans-papiers atteints ? Cela couperait l’herbe sous le pied de l’extrême droite.
– Et les renvoyer où s’il te plaît ?
– On les dépose en plein désert. Ni vu, ni connu ; ils seront apatrides…
– Tu déconnes là ?
– Ouais, d’autant plus que le Medef pourrait râler.
– Et les chasseurs ? Ils sont tellement maladroits que les accidents se multiplient. On a besoin de place dans nos hôpitaux…
– Nos quoi ? Ils n’ont pas encore été tous privatisés ? Décidément nous avons du retard sur le calendrier de l’AGCS signé à Marrakech en 1994.
– Hé ! Les deux rigolos au fond ! C’est bientôt fini vos conneries ? Nous attaquer aux chasseurs ? Vous êtes suicidaires ou quoi ? Si vous voulez démissionner, dites-le tout de suite. J’engage Mcfly et Carlito qui feront tout aussi bien que vous. Bon, on n’a pas que ça à faire et je dois téléphoner à Vladimir dans une heure. Si je tarde, il me fera les gros yeux d’ours sibérien et je n’aime pas du tout ce genre de situation. Disons que nous nous inspirerons des suggestions des professionnels de la santé et laissons-les nous bricoler quelques mesures ad hoc. Voyons la suite…

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