Nous sommes en avril 2018, Marc-Antoine rentre d’Alger. Des souvenirs vieux d’un demi-siècle lui reviennent en mémoire. S’en suit alors une saga familiale qui va prendre racine à la grande guerre, passera par la débâcle de 40, les camps allemands, l’aventure indochinoise, pour finir sur fond de drame de la guerre d’Algérie. Au travers de ces personnages, va se dérouler une tragique épopée mêlant amour, amitié, héroïsme, trahison, attentat et absurdité de la guerre.

C’est un hommage rendu à ces générations qui, durant un demi-siècle, ont été confrontées à ces conflits, et dont la cadette reviendra traumatisée d’Algérie ; à une race d’hommes empreinte de valeurs qui, aujourd’hui, appartiennent à un autre siècle.
Et au milieu de ce lamentable gâchis, le pathétique dénouement d’épreuves qu’un homme aura traversé durant les trois conflits.

Dans ce funeste chaos du drame algérien, c’est aussi une histoire d’amour entre un officier para français et une magrébine. Une amitié entre deux soldats, frères d’armes en Indochine, et qui se retrouvent ennemis intimes en Algérie. C’est la vie d’un appelé du contingent qui, au terme de l’histoire, fera une inattendue et surprenante découverte.

Extrait

À l’instant même de l’événement, n’était visible qu’une partie apparente de l’iceberg qui émergera entre 54 et 62, et que l’histoire aura bien du mal à appeler Guerre d’Algérie. La partie immergée de l’événement remonte au-delà de la simple temporalité du fait qui la constitue. Dans cette temporalité, avant que ne se produise l’événement, chacun a eu le temps pour créer sa propre perception des faits, chargé de ressentis, de sensibilités, de frustrations, d’injustice, de racisme accumulés au fil d’un siècle de colonisation. Cela a généré une mémoire, un désir de justice, de liberté qui s’est ancré dans la généalogie de l’opprimé. Mais pour l’Européen, la France avec sa conception de colonisateur a fait naître par ses attitudes, répressions et injustices, son enseignement et paternalisme malsain, une vision totalement opposée.

Ce malentendu, ce conflit ne pouvait pas s’arrêter du jour au lendemain, cette machine infernale avait pris son élan de trop loin, inarrêtable comme un cheval fou emballé. D’autant plus que la partie cachée de l’iceberg recelait deux visions différentes du futur qui rendaient impossible tout compromis, dialogue ou entente. Aucune des parties ne cèderait. Une, ses acquis et l’autre, sa liberté. Tous allaient subir les conséquences d’erreurs et de laisser-aller séculaires : l’armée française, les appelés du contingent, les harkis, fellaghas et pieds noirs devraient régler la note. Ils la trouveront très salée et beaucoup, de nos jours, l’ont encore en travers de la gorge.