Roman d’aventures rythmé, plein de péripéties et de mystères qui emmènent le lecteur jusqu’à une île perdue du Pacifique.
Ce n’est pas « la confession de l’auteur, mais une exploration de ce qu’est la vie humaine dans le piège qu’est devenu le monde… (Milan Kundera. L’art du roman)
Ce récit s’inscrit dans la » littérature transfictionnelle « débarrassé des conventions narratives du storytelling.
L’auteur à travers des égos expérimentaux (personnages) examine jusqu’au bout quelques thèmes de l’existence » (l’Art du roman)

Extrait

L’irrésistible désir de retrouver la sortie de la mine, l’azur plombé, la rumeur de la ville, soudain se vaporisa. Ce fut, comme qui dirait, une panne de l’instinct de fuite, une apnée mentale. Les vociférations lointaines des autres, l’énorme touffeur embusquée là-haut, tout ça et le reste, me refila une minuscule nausée. J’avais les guiboles toutes ramollies comme des asperges trop cuites. Je ne voulais plus avancer d’un pouce. Je resterais ici, dans cette pièce dévastée, parmi les gravats bordéliques, bien à l’abri, finalement voilà tout. Qu’ils crèvent tous et que la fin du monde m’oublie. La survie c’est du malheur qui est négligent. Quand tout serait fini, qu’ils seraient tous desséchés et bien raidis au cagnard, je sortirais, juste pour écouter le grand silence sans oiseaux ni plus rien. Je marcherais jusqu’à l’océan sans vent et je fixerais mon horizon d’attente ; pas heureux ni malheureux non plus. Seul mais peinard.
J’aime bien les films qui finissent de cette manière, par des espaces infiniment immobiles.
L’haleine de l’été Moloch m’aspira du dedans vers le dehors. Je repris la montée, récalcitrant, mon petit paquet bien serré contre ma poitrine. J’eus un dernier coup d’œil vers ce demi-abysse qui disparaîtrait à tout jamais dans quelques semaines, sous les coups des machines à démolir. Il serait définitivement scellé par des tonnes de béton et une belle tartine de bitume. Enfoui dans le calme plat et massif de chambre funéraire égyptienne. On n’en soupçonnerait pas la trace, même dans cinq mille ans et davantage. Sauf que là, il n’y avait pas de pharaon plaqué or et tout son bric-à-brac hors de prix pour sa croisière sans retour dans l’au-delà. Seulement quelques fantomatiques souvenirs qui nous frôlaient de leur présence volatile. L’imagination travailleuse est une grande pourvoyeuse de spectres et ectoplasmes en tous genres.