Hommes de Dieu, cité du diable est un roman historique qui plonge le lecteur au cœur des événements dramatiques de 1534-1535 qui ont secoué la ville de Münster, en Westphalie, lorsque les anabaptistes, menés par Jan Matthijs et son apôtre Jan Bockelson, ont tenté d’établir une théocratie radicale. Au hasard de mes lectures, il m’est parvenu le récit de cet événement mineur du XVIe siècle qui résonnait à mon sens avec notre histoire contemporaine et la montée des totalitarismes que connaît notre monde actuel.

J’ai alors entrepris des recherches approfondies pour offrir une reconstitution fidèle et immersive de cette époque. Mon objectif est de captiver les lecteurs par une narration riche et vivante, tout en leur offrant une réflexion sur les dynamiques sociales et religieuses de l’époque.

Extrait de  Hommes de Dieu, cité du diable. La révolte de Münster, le premier totalitarisme européen  de Marc Quentel

« Escortés par les milliers d’anabaptistes, mais également par d’autres habitants, tout aussi intrigués que soucieux des événements en cours, Matthijs et son état-major arrivèrent sur la place principale. Matthijs entreprit de grimper sur l’estrade présente, utilisée le plus souvent pour informer le peuple des décisions prises ou d’événements les intéressant. Placé en son centre, il accapara l’attention de la foule qui se tut, impatiente d’écouter ce que le prétendu prophète avait à annoncer.

— Mes frères ! Mes sœurs ! À travers ma personne, c’est Dieu tout-puissant qui s’exprime. Il est venu me visiter dans mon sommeil et m’a fait de grandes révélations ! Je suis venu vous annoncer le jour du Seigneur ! La fin des Temps est proche ! Münster est la Jérusalem céleste, le nouveau Royaume que le Christ instaurera à son retour. Vous tous ici présents êtes désormais ses émissaires apostoliques ! Protégés par la foi, vous deviendrez invincibles ! Allez annoncer l’imminence de Son règne. Qu’aucune pitié ne retienne vos mains, qu’aucune faiblesse ne vous étreigne le cœur, qu’aucune culpabilité ne vous ronge l’âme. Il nous faut anéantir tous les incroyants qui auraient l’audace de se mettre en travers de notre chemin ! Mais maintenant, commençons par expurger les traces du passé mensonger ! Brûlons les idoles, les icônes et les crucifix ! Investissons les églises, les monastères et les temples, que le monde sache que la seule et unique foi est la nôtre. Tout autre n’est que fausseté et menterie. Tous devront nous suivre ou périr ! Que ce jour soit un jour de colère ! Et maintenant, accomplissez Ses volontés !

À ses mots, la foule éructa, rugit et s’élança dans toutes les directions. Une centaine de suiveurs s’engouffrèrent dans la cathédrale Saint-Paul et commencèrent le carnage et la mise à sac. Plusieurs paroissiens furent réduits en pièces tandis qu’ils tentaient d’empêcher la profanation des lieux, alors que les autres s’enfuirent à toutes jambes. »