Les livres sont une ouverture, un parcours dans un univers vu au travers des yeux d’un inconnu, perturbants ou passionnants ils doivent nous secouer.

Au travers d’un certain nombre de personnages féminins et masculins, dont les prénoms sont inspirés de la Littérature précieuse du XVIIe siècle, avec leurs désirs, leurs élans, l’auteur parcourt un petit domaine de la sphère sentimentale. Le but : essayer de comprendre, pratiquer ce que les physiciens appellent Gedankenexperiment, expérience de pensée.

Interactions : bien plus que celui ou celle qui est concerné, ce sont ces instants de contact proche ou à distance qui comptent, les changements qu’ils apportent, autant à un corpuscule, une molécule qu’à un être. Les physiciens de la physique statistique en parlent souvent en termes « d’énergie libre » et « d’espace de phase », les généticiens en termes de « fitness » et de génotype, ici, nous nous contenterons de psychologie, de philosophie, de comportements parfois proches de la réalité des êtres.

Récit-promenade il déconcertera peut-être, de scolie en scolie, mais d’aucuns s’y retrouveront un peu sans doute. Lecteur, emboîte-moi le pas dans cette vision holistique du monde, sous l’éclairage de la culture grecque porteuse de questionnements éternels. La civilisation grecque n’est-elle pas une seconde révolution après celle du néolithique ?

Extrait

Longtemps le héros préféré d’Acante avait été Achille, le divin guerrier invincible à la folle ubris ; Achille aux pieds légers, podas wkus Acilleus, à la qumos, son impulsion vitale, flamboyante, aux colères sacrées et massacreuses. Pour sa jeunesse, c’était l’image de l’élan, de la ruée, de la tempête, de la fin glorieuse laissant trace dans la mémoire des hommes.
Acante était conscient que les dieux jouent avec les hommes, se battent à travers eux et entre eux, comme le conte l’Illiade, mais les hommes restent libres jusqu’à ce qu’ils atteignent le Styx. Alors ils rejoignent le juge des enfers et errent.

Il avait découvert l’amitié, la vraie, ce sentiment réciproque que l’on porte à celui ou celle qui est à vos côtés dans les bons moments et les périodes difficiles, dangereuses, tristes, sans jugement, juste là. Lors de ses variées et dangereuses activités militaires, il eut un « binôme », taciturne, mais inébranlable.
Lorsqu’ils s’étaient rencontrés, cet homme plutôt petit, mais puissamment musclé, un peu renfrogné, ne lui avait pas beaucoup plu. Mais, dès leur première mission ensemble, il avait compris que ce compagnon était un roc, d’une totale fiabilité, et n’avait tardé à s’y attacher, cet homme lui portant visiblement une protectrice affection, sans doute parce que Acante lui avait manifesté de l’intérêt au-delà de leurs activités professionnelles, l’avait volontiers aidé dans certaines démarches administratives, l’avait hébergé quelques semaines lors qu’Ajax, son cryptonyme, rencontrait des soucis sentimentaux et matériels.

Depuis, Acante et Ajax étaient soudés, dans la vie comme dans l’action, fraternité d’armes, le plus puissant des liens, si l’un dormait, l’autre veillait, se protégeant mutuellement tels frères de sang. Lors de missions discrètes, l’œil acéré, l’intuition et le sens de l’observation des détails d’Ajax leur avaient sans doute sauvé la vie. Un groupe de combattants ennemis les ayant repérés, malgré leur camouflage, sans doute du fait d’un mouvement malencontreux, s’était approché de leur position en rampant. Mais Ajax avait vu quelque chose bouger, donné du coude à Acante, désigné l’endroit. Lentement, ils s’étaient déplacés, leur PGM Hécate II braqué. Quatre silhouettes courbées, Kalachnikov pointée, apparurent à trois cents mètres.