Dans cet ouvrage, j’analyse et relate chirurgicalement chaque étape de mon parcours de plus d’un demi-siècle en faisant un focus sur ce que je nomme mes interstices. Dès mon premier cri en 1966 je fus révolté en refusant de respirer, sans réagir au joug de la toxicité sociétale. Fuyant l’école et non le savoir une force magnétique me poussa de ma nature vers la haute joaillerie, puis mon service militaire me jeta du ciel vers une autre attraction, celle du sol.

Puis l’amour irrésistible fit de moi un père comblé par sa moitié. Permettez-moi de partager avec vous ma ligne de vie riche de moments suspendus à mon cœur et à mon corps. À travers eux, je questionne ce qui nous appartient véritablement, ce que nous léguons, et ce qui nous est simplement prêté par dame nature, soyons humble face à cette terre mère. Avec humilité, humour et sincérité, je vous propose de plonger dans mes interstices, là où se nichent les réalités humaines avec son cortège d’erreurs. La fin de ce septième ouvrage sera une élévation des plus surprenantes et se veut être une anticipation sur le monde de demain des joailliers et des artisans. Je jubile déjà à l’idée de votre regard attentif à mes pensées les plus bienveillantes, les plus secrètes. Ces mots que j’ai couchés sur le papier ne comblent ils pas un interstice entre nous, n’est-ce pas ?

Extrait

Les premières réussites et les premiers échecs

Mes débuts furent marqués par des échecs. Je me souviens d’une bague en or blanc que je devais réaliser pour une émeraude. Je fus maladroit, et au sertissage la pierre se fendit sous la pression des griffes. J’étais dévasté, je ne sais pas par quel truchement mon cerveau dans un flash vit voler en miettes mon parc d’enfance vert émeraude et des tas de souvenirs se vaporisèrent dans une sorte de trou noir sans fond, silencieux dévoreur de mes joies, aimant de mes certitudes ne laissant en mon cœur qu’une vaste pleine aride et désolante. Mais Albert voyant mes yeux gorgés d’eau salée, avec sa patience infinie, m’encouragea à recommencer. « Les erreurs font partie du processus, » me dit-il. À force de persévérance, je finis par maîtriser l’art délicat du sertissage.

Ces efforts commencèrent à porter leurs fruits. En 1984, à seulement 18 ans, je participai à un concours départemental de joaillerie. Il s’agissait de créer un bijou unique « un pied de verre en argent » en respectant des contraintes techniques précises. Pendant des semaines, je travaillai sur une feuille sculptée directement dans une plaque, façonnais un serpent s’enroulant autour du pied du verre en cristal de baccarat. Le jour du concours, je fus submergé par l’angoisse, mais lorsque mon nom fut annoncé comme lauréat, ce fut un moment d’immense fierté.

L’année suivante, je participai à un concours national, cette fois avec une pièce encore plus complexe. Je remportai un prix, ce qui me valut la reconnaissance de mes pairs et renforça ma confiance en moi. Ces succès furent des jalons importants, mais ils ne me détournèrent pas de l’essentiel : l’apprentissage quotidien, auprès de mon grand-père et des artisans expérimentés de l’atelier.

Retrouvez les ouvrages précédents de l’auteur parus aux éditions Maïa :
Paris XI
Sedan
Archange