Description
Ce recueil s’intitule Juste là, car mon bonheur ne réside que dans l’écriture. Cet espace-temps si précieux où je peux voyager, digresser, fantasmer, me réinventer tout en étant ici, et maintenant. Juste là regroupe vingt-deux histoires à travers lesquelles je tente de vous bouleverser, en vous entraînant dans un tourbillon d’émotions contradictoires. Tantôt drôles, quelquefois dramatiques, souvent déroutantes, ces nouvelles vous présentent des morceaux de puzzle d’une vie aux multiples visages, réelle ou fictive ; celle que j’ai vécue, ou qu’on me raconte, que j’imagine de temps à autre, et qui me fait parfois rêver. Vous ne saurez pas toujours démêler le vrai du faux, mais si, pendant la lecture, je vous entends rire ou pleurer, je vous vois sourire ou tressaillir, alors c’est que nous aurons réussi à cheminer dans cette quête, vous et moi, juste là.
[…] Le soir à l’hôtel, il ne lui prêtait que peu d’attention. Il travaillait beaucoup, réécrivait sans cesse les scènes et elle avait parfois le sentiment qu’il ne la regardait vraiment que quand il était derrière la caméra. Mais elle transportait avec elle, chaque heure de la journée, cette vision de lui, cette réalité dont elle ne doutait jamais que, oui, Julien l’aimait et voyait en elle son égérie, sa star, celle pour qui il était prêt à consacrer toute sa vie de réalisateur et avec qui il tournerait chacun de ses prochains films. Une passion éternelle qui donnait à la vie de Tereza un sens, une raison d’exister et de se sentir vivante. C’était parfois le piège quand une comédienne était aussi investie dans un rôle, il arrivait qu’elle n’en sorte pas tout le temps du tournage. Mais en plus, Julien, elle le vénérait. Elle ne faisait plus la différence entre l’homme et le réalisateur. Et le soir, quand il était allongé sur le lit, concentré sur son œuvre, elle l’observait. Elle restait passive dans l’attente d’un geste de sa part. Assise et muette dans un coin de la chambre. Elle s’enveloppait d’un peignoir en éponge, prête à se dénuder de nouveau dès qu’il manifesterait le désir de lui faire l’amour. Ce qui se produisait chaque soir, quelle qu’ait été la rudesse des scènes du jour. Au contraire, plus le tournage avait été intense, plus il la baisait avec passion, presque avec violence, comme pour mieux lui montrer qu’elle n’était qu’à lui, que seul lui avait le droit de la posséder avec autant de force, qu’il faisait d’elle ce qu’il voulait. Elle n’adorait pas ça, non. Elle admettait juste qu’elle était sous son emprise et que rien ne la faisait plus se sentir exister que cela […] (Extrait de la nouvelle Arrête ton cinéma !)