Description
Ce livre contient onze nouvelles, ce qui suppose une grande variété de sujets. Toutefois il est possible de trouver des points communs. L’approche stylistique est très classique et fait référence au classicisme français, sans se soucier des modes de style actuels, ce qui, paradoxalement, crée une originalité.
Les thèmes abordés, à travers la vie des personnages ou des petites fables, sont le mûrissement, la paternité, la bioéthique… L’intérêt de ces récits est leur diversité, il y en a pour tous les goûts, fantastique, fable, merveilleux, ce peut être une bonne façon de se divertir et d’oublier le quotidien tout en réfléchissant à quelques thèmes intemporels, comme l’enfance.
Les gens qui participeraient à la création de ce livre pourront se féliciter d’avoir participé à la publication d’un livre soigné, très bien écrit, et plein d’imagination.
Extrait
« Cette terrible séance avait mis son corps sens dessus dessous. Il attrapa une grippe qui l’obligea à garder le lit une semaine durant. Comme le repos forcé l’ennuyait depuis qu’il avait vu le jour, il promena son bras sur les rayons de sa bibliothèque, qui était pour moitié composée de livres du dix-huitième siècle. Cette époque était sa grande passion. Il avait rendu un de ses galants jaloux en lui parlant des heures de Casanova ; et surtout il était amoureux de Voltaire (il avait l’art de ces amours à retardement, programmé à des siècles d’écart, ou voués à l’évaporation) dont il contemplait quotidiennement les portraits. Notre apprenti adorait la statue du patriarche assis, drapé, avec sa tête à bandeau si tendrement malicieuse, une vraie tête de papy. « O toi qui a souffert pour ton indépendance, dis-moi comment faire face à tous ces gens qui vendraient la vérité contre une étiquette flatteuse ! », déclama-t-il entre ses dents. Il commençait à relire l’hilarant Pauvre Diable de son écrivain préféré, quand une montée de fièvre l’obligea à caler sa tête sur l’oreiller. Un voile couvrit son regard ; les planches de l’étagère tournèrent sous ses yeux, et se confondirent avec le plafond ; il tomba entre les paumes du sommeil.
Quand il se réveilla, il posa instinctivement sa main sur ce qui devait être le bois de sa bibliothèque. Celui-ci lui parut étrange au toucher. Il ouvrit les yeux et s’aperçut qu’il avait le nez contre le dossier d’un long fauteuil brodé de fines fleurs. »