Dans le premier, j’avais besoin d’exorciser un chagrin ancien dans une fausse biographie. Dans celui-ci, c’est un pur plaisir d’écriture qui a tenu ma plume. Je suis entourée de gros lecteurs : ma famille, mes amis. Comme moi, ils sont attirés par l’aventure que représente l’écriture d’un livre. Depuis des mois, ils m’ont chaudement encouragée et trois d’entre eux m’ont aidée à faire la relecture de mon manuscrit.

Marie vit au fond du marais girondin, dans un vide culturel et affectif. Le jeune chauffeur du car scolaire, touché par la beauté et la vivacité de la fillette, essaie de l’ouvrir sur le monde en la sortant de son milieu fruste et inculte. La petite s’attache très vite au jeune homme et tous deux prennent l’habitude de se rencontrer en cachette dans un vieux carrelet au bord de l’eau. Mais une pure amitié est-elle possible entre un homme de 30 ans et une fillette de 10 ans ? Très vite, des bruits courent dans le marais…

Le marais girondin et l’estuaire, très présents dans le récit, offrent un cadre propice à l’opposition entre rêverie, innocence et beauté d’une part et un quotidien plein de dureté et de méfiance de l’autre. Jusqu’où cet univers emporte-t-il les personnages ? L’humour et la poésie savent aussi trouver leur place dans ce paysage d’abandon.

Extrait

… Elle passe son temps libre à s’échapper dans la nature. Elle y observe les animaux et surtout, elle rêve face au fleuve. Là où la Garonne perd son nom pour devenir la Gironde, là où on ne sait plus si l’eau est douce ou salée, là où le mascaret pousse sa vague à contre-courant, là est son domaine.

Chaque matin, à huit heures, Marie est prête. Prête à vivre un nouveau jour d’école. Un jour de plus de brimade, d’ennui, de solitude, une journée gâchée. Que ces heures de classe lui paraissent perdues ! Plus que quelques minutes de répit et de liberté dans le marais. Pour la fillette, il n’est pas question de gaspiller ce temps précieux en pensant à la journée qui vient. Alors, chaque matin, dès qu’elle a passé le seuil de sa maison, la Drôlesse laisse courir son imagination et mêle observations et rêverie. Ses pensées sont un drôle de mélange de choses qu’elle a vues, qui l’ont étonnée et de produits de son imagination. Ce qu’elle ne connait pas, ne comprend pas, elle l’invente. Elle se construit un monde à elle. Attentive aux changements de temps, aux activités saisonnières des animaux, elle balaie du regard les marais déserts et le repeuple à son gré. Elle laisse libre cours à sa curiosité et elle s’absorbe dans l’admiration d’une toile d’araignée, ou d’une coquille d’œuf. L’une est si solide pour donner la mort, et l’autre si fragile pour donner la vie. Voilà les mystères qui occupent son esprit.

Rêver de partir, c’est déjà un départ
Rêver, c’est être ailleurs
Sans vivre d’au revoir.