Quand Gérard, à la recherche de qui lui vole ses framboises, découvre un trou dans le mur qui mène à un autre monde, il ne se doute pas que la fille, Élaine, qu’il y rencontre est sa sœur jumelle, que pépé Charles, son grand-père, se nomme là-bas Morgan et y est un guerrier renommé qui a refusé d’y devenir roi et a mené à la victoire les argausts, ces nomades sauvages aux visages peints qui montent des lézards géants, les sfors. Pour tout arranger il découvre aussi que le tyran, Gérond, qui a pris le pouvoir est son père et que sa mère, Ariane, qui était restée dans notre monde est une sorcière redoutable. Après une aventure où lui et sa sœur redressent une injustice en éliminant une malédiction, les deux retrouvent la mémoire de leur première enfance. Morgan, leur grand-père se joint aux argausts, exile leur père dans notre monde et commence une guerre contre ses généraux qui essaient de le remplacer. Une tentative d’enlever Élaine échoue mais Gérard est enlevé à sa place. Il réussit à s’échapper et se réfugie dans la république des gosses, une espèce de cour des miracles pour les enfants abandonnés. Il y rencontre Fiona qui a son âge et se révèle être une sorcière puissante et une cousine dont le père, Alix ignore son existence. Il a été utilisé par des mercenaires dans la tentative d’enlever Élaine. Cathie la grand-mère de Gérard l’envoie chez les argausts pour qu’il devienne un guerrier lui aussi. Ariane rejoint Morgan pour l’aider dans son combat et les gosses de la république doivent participer à la bataille finale pour la libération de la ville.

Extraits

Charles fit un geste avec sa main, en tendant son pouce, son majeur et son petit doigt et repliant ses deux autres doigts. Le chef des argausts cria quelque chose. Charles répondit dans la même langue, le sfor de l’argaust mugit et s’avança sans tenir compte des efforts de son cavalier pour le retenir. Charles cria « Salman » et s’avança, le sfor avança sa langue et lui toucha la joue ; alors Charles gratta l’arrière de la tête de l’animal. Charles posa une question.
– Tu comprends quelque chose ? demanda Gérard à Elaine.
– Oui, attends, je vais traduire. L’homme a demandé comment Charles a connu le signe.
Charles semble avoir reconnu le sfor et a demandé ce qu’était devenu son propriétaire précédent.
L’homme répondit et soudainement sauta de sa monture ainsi qu’une dizaine d’autres argausts qui firent de même et vinrent entourer Charles. Celui-ci posa doucement Elaine sur le sol et s’avança vers eux.
– Qu’est-ce qu’ils disent ?
– Qu’il les a fait sauter sur ses genoux en leur racontant des histoires quand ils étaient petits !
Gérard regarda les masques horribles des argausts, leurs torses couverts de cicatrices, leurs épées, leurs haches et leurs arcs puis s’exclama :
– C’n’est pas possible, ils n’ont jamais été petits et n’ont jamais écouté des histoires, assis sur les genoux de qui que ce soit !
– Je ne fais que traduire ! Ils ont aussi mentionné Morgan. C’était l’un de leurs chefs pendant la guerre de succession. Ils parlent de jumeaux. Ça va trop vite, j’ai du mal à suivre. Ah, Charles veut discuter seul avec leur chef.

Le lendemain, Alix un peu nerveux se dirigeait vers la caravane. Il faisait partie des six argausts chargés de tenter de négocier avec les marchands. Attal s’était placé sur le chemin que le convoi devait prendre pour lui couper le chemin. C’était lui qui était le plus en danger au cas où les voyageurs décideraient de résister. Alix était un peu en retrait derrière le convoi sur la gauche. La caravane s’arrêta. « Au moins, ils ne tirent pas de flèches sur nous », se dit- il. Soudainement, il remarqua une commotion parmi les voyageurs : une femme s’était glissée entre les hommes qui lui faisaient face et s’enfuit en courant. Alix lança son sfor !
Que dire à une jeune fille qu’on vient de capturer et qu’on va emmener comme esclave ?
« Désolé mademoiselle, mais… » ou « Je ne veux pas vous faire de mal, mais… » ou encore « Je vous prie de me suivre… » La jeune fille s’évanouit en voyant de près le masque peint sur son visage, ce qui résolut la question. Il réussit à lui saisir le bras alors qu’elle tombait, et la hissa sur le sfor entre sa selle et le cou. C’est alors qu’une paire de flèches mal ajustées le manquèrent. Il donna un coup de talon au sfor qui se mit à courir. Il remarqua une sorte de cage que les marchands poussaient vers lui. La fille se réveillait et s’exclama :
— Ils ont des rorians.
— Combien ?
— Quatre, ils en ont perdu deux il y a une semaine.
Le sfor avait senti le rorian avant que celui-ci ne s’élance vers eux avec un rugissement qui sonna comme un énorme éternuement.
— Fuyez ! cria la fille.
— Trop tard, il nous rattraperait, il faut se battre.
Alix prit sa hache et fit tourner son sfor pour aller à la rencontre du rorian. Celui-ci hésita, il s’était attendu à ce que le sfor s’enfuie et non le charge.
— Oh non, dit la fille, en fermant les yeux.
Un craquement tout aussi bruyant que le rugissement du rorian la rassura. Elle rouvrit les yeux pendant qu’Alix tournait pour s’enfuir hors de portée des flèches. Cercal venait déjà à sa rencontre avec les autres argausts.
— Ils ont trois autres rorians, lui cria Alix.
— Ce sont des trafiquants d’esclaves, ajouta la fille.
— Tu attends ici, lui dit Alix, je rejoins les autres.
— Je préfère rester avec toi, mais dans une meilleure position.
— Tu passes derrière, mais ne te plains pas si tu te récupères une flèche.
— J’ai un bon bouclier, toi, répondit-elle en s’installant derrière lui.