L’aidant de la mère
« À 16 ans, je deviens l’aidante de ma maman atteinte d’une maladie apparentée à Alzheimer à l’âge de 49 ans. Mais ça, évidemment, je ne m’en rends pas compte tout de suite car pour moi, c’est normal d’aider ma mère. Mais ce n’est pas normal qu’elle ait une maladie de vieux alors qu’elle est si jeune. Et puis, on n’est que toutes les deux. Enfin, y’a le chat mais les animaux ne signent pas les chèques.
Je vous raconte notre histoire, ce parcours mère fille qui vivent maladroitement sans savoir comment se positionner dans cette aventure menant à l’oubli.
Après le one woman show Alzhei’mère, voici l’aidant de la mère. Un livre que vous pourrez poser pour vous aérer l’esprit tandis que sur scène, les blagues fusent. »
Je vous propose d’être acteur de la naissance de mon livre en m’aidant à faire de sa parution prochaine, avec les Editions Maïa, un succès. Plus les préventes seront nombreuses, plus mon livre sera promu et diffusé. En retour, vous serez présents dans le livre en page de remerciements et vous recevrez le livre en avant-première, frais de port inclus !
Extrait du livre
Maman n’arrive plus à conduire la nuit, quand on allume d’autres lumières pour éclairer le ciel. Maman ne peut pas venir me chercher à la fête du village. Elle met trois heures pour faire un trajet de vingt minutes.
Et puis, c’est moi qui prends le volant. Parce que j’ai seize ans et j’ai envie d’aller faire la fête. J’ai surtout envie que mes amis m’acceptent et à seize ans, on n’aime pas une jeune fille enfermée dans sa chambre qui écrit des centaines de pages sur ses propres émotions. Non, on aime celle qui est déjantée, qui boit, qui fume sans avaler la fumée. On aime celle qui trouve des solutions à tout et sur laquelle on peut se reposer.
Celle qui a des problèmes à la maison mais qui ne va jamais en parler parce que c’est plus sympa de parler de Kévin qui ne veut pas de toi parce que tu ne t’es pas connectée à midi quinze. Celle qui cherche sa place mais t’aide à trouver la tienne mieux que la sienne. Celle qui travaille bien en cours mais qui sèche avec toi.
Même si elle n’est pas populaire et ne plaît pas aux garçons, on aime cette fille-là. Parce qu’elle ne fait pas trop de bruit dans les couloirs, à part avec ses chaussures cloutées. Mais oui, on l’aime bien. Car elle est là. Et toi, tu peux débrancher ton cerveau et ne pas trop réfléchir. Sa vie, à cette fille-là, c’est réfléchir. Réfléchir à comment te rendre heureux (se) alors qu’elle ne sait même pas ce qui la ferait sourire.
Je suis cette fille-là qui un soir de juillet appelle sa mère pour l’emmener elle et ses copines à la fête du village d’à côté. Parce qu’il n’y a plus de train et hors de question de rentrer. Alors qu’on pourrait simplement se balader dans notre petit coin de vacances prolongées, regarder une série ou parler de la vie.
Mais non, il faut aller boire alors qu’on n’aime même pas la bière. Il faut s’enivrer alors qu’on ne sait même pas penser. Il faut danser alors qu’on n’est même pas coordonné. Il faut. À seize ans.
Ma mère arrive, les yeux embués, épuisée. Elle vient parce que je le lui ai demandé et que depuis quelque temps, elle n’a plus la force de se disputer.
Elle conduit les premiers kilomètres puis je m’agace car elle va trop lentement. Et puis, elle explose. Elle ne voit rien. Elle ne voit rien. Je ne comprends pas qu’elle ne voit rien.
Et moi, je ne vois rien. Je prends le volant. On arrive à la fête. Je veux aller m’amuser mais hors de question que ma mère rentre seule. Alors, elle reste avec nous. Mes copines font la moue. Alors, on ne pourra pas boire, on ne pourra pas se déchaîner.
Je suis tiraillée. C’est à ce moment où la fracture nous fissure.
Il y a ces parts qui se mélangent : d’habitude, la gentille fille ne veut répondre qu’à la volonté de la masse ; être la meilleure amie possible, pour être aimée et avoir une place en société. Cette part entre en compétition avec la toute première installée : celle d’être la meilleure fille pour sa mère, l’enfant idéale.
Avoir de bonnes notes pour qu’elle soit fière. Exceller dans plusieurs domaines pour gagner son estime.
Tout ceci pour gagner son amour et presque légitimer sa place sous son toit.
Que faire quand ces deux parts se confondent ? En écrivant ceci, des années plus tard, je me rends compte du marchandage et de la commercialisation humaine. Cela équivaut à du trafic d’âme. Mais au fond, où est l’âme ? Qui est-ce qui vibre vraiment à l’intérieur de nous à travers ces besoins de perfection et d’amour.. ? Peut-on vraiment appeler ça de l’amour ? J’en doute. On redescend au marchandage, au lien sans âme, à la présence simple qui ne vaut même pas le titre d’existence.
Je ne saurais dire si ma pensée s’était organisée de cette manière il y a quelques années. Mais ce qui est sûr, c’est que j’ai fait un choix, ce soir-là. J’ai laissé ma place sociale et après avoir tergiversé toute la soirée et bu quelques rhums arrangés, j’ai retrouvé ma mère qui se promenait dans les rues et nous sommes rentrées chez nous.
J’ai seize ans, quand je comprends qu’il y a un problème mais que je refuse de le voir. Je comprends que la femme qui m’a élevée, qui m’a appris à lire, à écrire, qui a influencé mes pensées et mes rêves, va démissionner du rôle qu’elle s’était attribuée, contre son gré. Parce qu’elle va rencontrer sur sa route, quelque chose de plus grand qu’elle et contre qui, malheureusement, elle ne pourra pas lutter.
Alzheimer.
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Les étapes de création
Mon objectif est d'atteindre 990 € de pré-ventes afin de rendre possible la réalisation des maquettes, la correction, l'impression et la promotion. C'est pourquoi je fais appel à vous, auteurs, lecteurs et amoureux des mots ! Votre précommande permettra à mon projet de devenir réalité grâce à une équipe de professionnels. Votre appui me sera précieux et vous recevrez vos contreparties dès la fin de la campagne.