Les relations entre mère et fille ne sont jamais les mêmes. Ici nous pouvons voir trois discussions différentes, au long des années. La première relation se déroule entre une fille et sa mère qui est toujours en déplacement pour son travail. Elles ont institué une relation par petits mots, puis par des lettres plus longues pour combler cette absence. La seconde relation concerne une jeune fille qui a perdu sa mère lorsqu’elle était jeune, il lui manque cette présence féminine pour grandir et s’épanouir. La troisième et dernière relation est la plus problématique : la mère de la jeune fille a quitté sa famille depuis de nombreuses années car elle voulait changer de vie. La narratrice adolescente ne voulait pas vraiment avoir de contact avec elle, mais elle le fait pour son petit frère qui ne comprend pas cette situation. Ces trois correspondances vont durer 4 ans, reflétant le caractère de ces jeunes femmes qui changent elles aussi au fur et à mesure des années, avec ou sans l’aide de leur figure maternelle.

« 20 octobre 2008
Chère mère,
J’espère que cette lettre te parviendra, c’est papa qui m’a donné cette adresse, il paraît que c’est là qu’il a fait parvenir les papiers du divorce vu que tu ne concéderais même pas deux minutes pour le voir.
Évidemment, j’ai essayé de t’appeler, mais tu ne réponds pas. Si, une fois “il” a répondu et a osé me dire que tu étais trop occupée. Trop occupée pour parler à ta fille.
Mais je ne t’écris pas pour te parler de moi, comment je vais, ni Papa, comment il parvient à s’en sortir tout seul et à ne pas nous montrer qu’il ne sait pas du tout comment faire. Pourtant il se retrouve vite débordé : pas facile pour un homme seul de gérer à la fois la maison et son travail, surtout que tu sais bien que cela lui prenait beaucoup de temps : c’était l’un de tes principaux griefs pendant vos interminables disputes. Ou encore aller chercher Zach à l’école.
Moi ça va, je peux m’en sortir seule, je suis assez grande pour rentrer seule du lycée, je peux me faire à manger seule, faire mes devoirs sans qu’on me le demande. J’essaie même d’aider pour le ménage dès que je le peux. Tu sais bien que Papa n’est pas un grand adepte de la propreté. Il fait ce qu’il peut, mais il ne sait jamais par où commencer.
Donc, je disais bien que ce n’est pas pour moi ni pour Papa que je t’écris, mais pour Zach. Le pauvre ne comprend rien. Il ne comprend pas pourquoi le matin c’est moi qui lui fais son petit-déjeuner, en brûlant toujours les œufs ou en mettant les céréales avant le lait. Du coup elles n’ont pas la consistance qui lui plaît, il part à l’école sans manger. Il ne comprend pas que quand il a besoin d’un mot ou d‘une signature de parent, il s’adresse à Papa mais celui-ci n’a jamais le temps de signer quoi que ce soit. Alors après quelques sorties ratées ou même une dispense de sport lui et moi avons appris à contrefaire la signature de notre cher père. Je te vois déjà d’ici en train de faire les gros yeux devant cette contrefaçon, mais nous n’avions pas vraiment le choix. Et je ne pense pas de toute manière que tu puisses rétorquer grand-chose. »
(Extrait de la lettre 3)