Description
Ce roman est né d’une passion pour la moto et de rencontres dans cet univers singulier, la communauté des bikers Harley. Le monde de ces grosses cylindrées en toile de fond est le prétexte pour faire exister ces hommes, ces femmes et le chien Bob.
J’ai voulu décrire, dans leurs rapports parfois hauts en couleur, parfois tendres, touchants et empêtrés, leurs combats quotidiens, leurs recherches de mots pour se dire, se comprendre, apprendre à s’aimer.
« — Des paresseux, mon gros.
— Oui, des paresseux. C’est mignon les paresseux, avec tous ces poils. Mais comment ça peut vivre, une bestiole pareille… Hein ? Avec seulement de l’eucalyptus… Et tu t’endors quand t’en regardes un… Comment ça peut vivre ?
— Tu leur demanderas quand t’en verras un, dit Jerzy.
— Fais pas cette gueule. Qu’est-ce qu’il y a ? C’est les paresseux ?
— Non, je pense à Paul, répond Jerzy, à l’amour, tout ça. Tout ce qu’on ne comprend pas.
— Oui. D’accord. Et…?
— L’autre jour, il y avait Sylvie, chez moi. Je suis rentré, et elle était dans mon salon. Dans mon salon. Elle était trempée. Elle a laissé ses chaussettes trempées par terre. En boule. Elle m’a regardé. Elle m’a frôlé. Elle est partie en courant. Pieds nus. Je croyais que c’était fini, que je me foutais d’elle, et là, je bougeais plus, ça m’a secoué, secoué. Et je suis resté debout, sans bouger, coincé contre la porte. Pas pu dire un mot. Elle a claqué la porte. Elle est partie en courant, et moi je bougeais pas. Je regardais encore devant moi son visage qui n’était plus là.
— Et qu’est-ce qu’elle foutait chez toi ? demande Alberto.
— J’en sais rien. Elle a démarré la Harley. C’est tout ce que je sais. Ça sentait.
À part ça, j’en sais rien. Mais la voir, chez moi, les pieds nus…
— Et elle a dit quelque chose ?
— Non, je crois pas. Elle est partie. C’est tout. Et elle est rentrée chez elle. »