Description
La première fois qu’Apollo partit de la gravité terrestre. Le jour de l’an, l’équipage a lu les premiers versets de la genèse après s’être aLuné au niveau de la mer tranquille, devant un magnifique lever de Terre. La sensation que la Terre était belle face à cette immondice de cratère était évident aux yeux de tous. Surtout on ressentait « la vie » au fur et à mesure que la Terre s’éloignait de plus en plus. Bientôt on ne se souviendrait plus de cet équipage (qui nous avait pourtant prévenus) car on foulerait la Lune, ensuite Mars, puis encore plus loin. L’art d’avoir accéléré ce besoin colonisateur. Ceci est une eschatologie. Voici mon univers surréaliste. Embarquons, vous et moi, pour un voyage jusqu’à la fin des temps. Voici l’histoire du départ et de la fin de l’humanité.
« J’étais dévisagé. J’avais roulé des heures durant, les routes filaient. Je comptais avec amusement le nombre d’aires d’autoroute que je passais, 1, 2, 3… J’aimais beaucoup l’ambiance des aires d’autoroute.
À l’heure des rencontres, et de l’approche de la Porte toujours plus proche, les automobilistes se retournaient vers moi. C’était étrange cette sensation d’être observé. Bien plus étrange que la sensation d’être observé, c’était celle d’être reconnu. Personne ne pouvait être familier sur ces routes mais pourtant… Soit ma mémoire me jouait des tours, soit je n’étais pas ce que je pensais être, c’est-à-dire l’étranger de ces contrées.
Ils avaient la même particularité, ils sortaient de la cohue de par ce qu’ils dégageaient. L’air ailleurs, l’esprit profond et poreux, ils avaient l’air, malgré leurs efforts, de se mélanger à notre monde avec difficulté.
L’étrange commença à refaire partie de ma vie.
J’en avais tellement croisé tout au long de mon voyage, certains à l’arrière des voitures roulant à toute allure, d’autres marchant au bord de l’autoroute. À force, je ne comptais plus les aires d’autoroute mais plutôt ces regards étranges.
Quoi qu’il en soit nous ne pouvions qu’échanger ce regard. J’avais l’impression que d’aller leur parler me causerait beaucoup trop de problèmes. J’en étais sûr, ils me reconnaissaient. Où avais-je bien pu les connaître ? Les avais-je déjà rencontrés ? Ou alors ça ne saurait tarder et je les reverrai…
La route filait à toute allure, entrecoupée de fausses reconnaissances. J’allumai l’autoradio pour me calmer et me rassurer. »