Description
Une grande part de ce que nous sommes se forge au cours des premières années de notre existence.
Se remémorer cette époque, c’est comme s’immerger dans un bain d’huile essentielle de nous.
Tout ce qui a fait ce que nous sommes devenus.
Alors, ce regard sur notre enfance n’est pas une nostalgie qui peut nous laisser des regrets, mais au contraire un moyen de mieux se connaître, pour peut être avancer dans notre vie, prendre une autre direction.
Des petites histoires, comme autant de senteurs de l’enfance qui nous prennent aux tripes.
L’amitié, l’amour et le désamour des parents, les jeux, la mort aussi.
Rire, pleurer….vivre, quoi !
Extrait :
Chapitre : Mon père ce héros
Il marche lentement, sans appréhension, sans peur, sans précipitation. Il s’extirpe presque nonchalant de cet amas de haine. Et si les sauvages qui l’entourent laissent sortir toute leur animalité entre eux, ils respectent étrangement la retraite sûre et puissante de mon paternel.
Car il s’agit bien de mon père qui s’en va mi-désabusé, mi-débonnaire. Ce père qui m’apparaît dans toute sa splendeur, bien droit, bien fier, bien supérieur. Personne n’ose le toucher. Par quel miracle ne reçoit-il pas un coup perdu, une bouteille volante, une bousculade, même involontaire ?
Non rien ne peut l’atteindre papa.
A ce moment il est totalement invulnérable. Respecté par tous les objets volants, par tous les boulistes avinés. Rien ni personne ne peut l’atteindre. Car un homme si grand, si courageux, si inflexible, si différent, impose un respect mêlé de peur et d’admiration.
Il n’a pas un regard pour ce qui l’entoure.
Il est seul, il est un homme, il est un héros.
Il ne cherche aucun regard à rassurer ou à reprocher. Il marche solitaire, s’éloignant de cette place bruyante. Il n’entend rien, il ne voit rien. Même pas ce petit bonhomme effrayé et abasourdi perché sur le muret qui ne le perd pas des yeux. Il ne fronce pas les sourcils, ne semble pas surpris. Il regarde simplement devant lui, sans voir personne. Au fur et à mesure qu’il se rapproche de l’endroit où je suis, à la sortie de la place, je crois distinguer dans ses yeux de la déception, presque de la tristesse.
De quoi es-tu triste, papa ? Des hommes et de leur folie ? De tes souvenirs de guerre et de mort qui remontent dans tes tripes ? Ne vois-tu pas que ce moment est important pour l’enfant que je suis, pour l’homme que je vais devenir ?