LES MORNES DESCENDANTS

Durant les vingt sept années que j’ai consacré à l’humanitaire, je n’ai cessé d’écrire. Mais « Les Mornes Descendants » est mon livre, je crois, le plus abouti. Il part d’une certitude : La Martinique a une histoire à murmurer au Monde. Celle que je suis allé puiser dans les quartiers populaires de Fort-de-France, dans le reggae de Bob Marley, dans la voix des rastas et d’une nature luxuriante. C’est au rythme d’une langue, entremêlée, créolisée, que j’ai peint une fresque permettant au rastafarisme d’être enfin ajouté au bouillon culturel martiniquais dans lequel j’ai le bonheur de baigner.

Je fais aujourd’hui appel à vous pour participer au lancement de mon livre. Je vous propose de contribuer à sa prévente, dans la perspective de le distribuer le plus largement possible. Votre nom en tant que contributeur sera présent dans le livre et vous le recevrez en avant-première !

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Mai 1981. François Mitterrand est élu Président de la République française. Cependant, Bô-Kannal — Canal Levassor, quartier populaire de Fort-de-France, est tourné vers un autre événement : Bob Marley vient de mourir. La Caraïbe des rastas est alors en deuil et la confrérie qui peuple le ghetto martiniquais procède à une veillée mortuaire, dansante et musicale, où l’on fume de la marijuana et où l’on scande « Jah Rastafarï ! »
Aux yeux d’une société dopée à la morale coloniale exportée sur l’île, ces jeunes gens semblent marginaux, drogués et farfelus. Il convient donc de s’en débarrasser pour préserver l’ordre public.
Cette tache va incomber à un certain Jean-Claude, jeune flic fraîchement revenu de métropole. Il est de ceux qui claquent les portières de fourgon, arrêtent et menottent… Mais sa mission va s’avérer impossible. Il va, peu à peu, se laisser happer par la mémoire collective, par le lien secret qui l’unit à son peuple.
Par le prisme du rastafarisme mystique, la trajectoire de Jean-Claude met en perspective la tragédie de l’histoire coloniale et post-coloniale, la complexité des identités créoles en mal d’émancipation, la révélation des traumatismes de « l’île ».

Le récit prend progressivement une tournure fantastique. Les Mornes Descendants invite le lecteur à découvrir l’envers de la carte postale, les secrets de l’île, à aborder l’imaginaire de cette terre par une écriture et un style singulier.

Extrait du livre

14 mai 1981 au soir.

La brigade de jour avait relevé une activité inhabituelle dont un grand rassemblement en bas de la fontaine. C’est lors du briefing que j’appris la mort de Bob Marley, de la bouche du chef, tout en vulgarité. Il disait que la chute de leur icône allait donner lieu à un immense trafic, une fumerie colossale qui allait nous rapporter du gros poisson, de la cargaison par centaines de kilos… Pfff… Nous devions nous équiper en rangers, lampes torches, matraques et sortir le chien à la grande gueule pour la nuit.

Une première ronde devait se faire sur le parc de la Savane avec instruction de ne pas perdre de temps avec les petits vendeurs à la sauvette. Tous les soirs, aux abords du forum Frantz Fanon, les rastas se rassemblaient pour jouer une forme de reggae acoustique avec tambour, guitare sèche et flûte de bambou. Ici, Ras Feel vendait des dales, ces beignets sucrés, fourrés de riz au lait de coco parfumé d’un zest de citron. Là, quelques jeunes freluquets tentaient le commerce de joints à 10 francs, à peine plus gros qu’une paille et long comme mon pti doigt. Tout cela se passait dans le prolongement de la rue du commissariat, à 5 minutes à pieds et pas plus d’un kilomètre de nos cellules. C’est pour vous dire que nous étions, eux et nous, arrivés à un degré de tolérance et d’acceptation à la limite de la camaraderie.

Les jeunes de la savane, qui faisaient le spectacle aux Foyalais, venaient de différents quartiers et représentaient la nouvelle jeunesse rebelle. Mais honnêtement, il n’y avait pas de danger avec ces guignols.  Pour les effrayer, il nous arrivait d’en arrêter un au hasard. Nous l’amenions jusqu’au commissariat, lui confisquions son ou, avec un peu de chance, ses enveloppes remplies d’herbe. Nous les mettions en garde à vue jusqu’au matin et les relâchions en les jetant violemment sur le trottoir. Au contraire des Rastas des campagnes, la plupart de ces jeunes n’avait pas la force que procure l’activité physique et une nourriture saine. Ils étaient à la limite de la malnutrition. Nous organisions des concours de pousse-rasta. La chute au sol, le plus loin possible, permettait de gagner deux points. Le dernier arrivé à vingt devait payer sa tournée de bière Lorraine. Je me souviens d’un des deux adolescents, Love, que j’avais poussé tellement fort qu’il avait atterri genoux sur la route. Il était reparti, égratigné à sang, en boitant, sans mot dire. C’était à mon avis, l’un de mes pires coups bas. Je ne me le suis jamais pardonné.

 

  • Les étapes du lancement

    Mon objectif est d'atteindre 990 € de préventes afin de rendre possible la réalisation des maquettes, la correction, l'impression et la promotion. C'est pourquoi je fais appel à vous, auteurs, lecteurs et amoureux des mots ! Votre précommande permettra à mon projet de devenir réalité grâce à une équipe de professionnels. Votre appui me sera précieux et vous recevrez vos contreparties dès la fin de la campagne.