Marguerite Deschamps, malgré son jeune âge, est une modiste en vogue. Sa petite boutique au Petit Bonheur des Dames est prisée par les plus grandes dames du Tout-Paris. La découverte d’une lettre en ce matin d’hiver 1925, va bouleverser sa vie à jamais et l’embarquer dans une quête d’identité. Son quotidien va s’en trouver nourri d’histoires de cambriolages aux fins tragiques, de parents aux lourds secrets et tout cela, un quart de siècle après les faits. Une nouvelle amie, peu orthodoxe, va bouleverser toutes ses pensées rationnelles et lui permettra avec l’aide du commissaire Joubert de tracer ce difficile chemin de la vérité.
Ce roman vous plonge dans les années trente avec toute sa préciosité, sa bienséance autour d’une héroïne des plus touchantes et avant-gardiste dans l’âme. Vous êtes plongé tout au long de l’histoire dans des chemins sinueux proches de surnaturel sans jamais atteindre les abimes et la fin vous promettra un dénouement loin des évidences.

Extrait
Pierre-Henri se retire et Marguerite se dirige immédiatement vers la porte sous l’escalier. Elle sort de son sac à main la fameuse clé, l’introduit dans la serrure et tourne le barillet à deux reprises. La porte ouvre sur un petit escalier de pierre, elle trouve un interrupteur à la gauche de la porte, la lumière jaillit et elle prend soin de refermer la porte derrière elle. Comme par instinct de protection, elle courbe l’échine en descendant les marches. Elle arrive dans une immense cave soutenue par de nombreux piliers ; on se croirait à l’antichambre d’un musée. L’endroit est segmenté par catégorie d’objets entreposés, tout est extrêmement bien classifié. Ses yeux s’attardent sur chaque groupe d’objets ; les lampes puis les statuettes, les meubles cassés, les tissus en tous genres.

À chaque craquement de bois ou bruit métallique, elle tressaille et vérifie derrière elle. Elle ne tarde pas à voir son ombre bleue familière tournoyer entre les piliers, disparaître dans les zones peu éclairées pour ressurgir plus étincelante encore à l’autre bout de la cave. L’ombre stagne dans le coin des tableaux et des chandeliers. Marguerite s’avance prudemment, les toiles d’araignées la rebutent quelque peu. L’ombre bleue dessine un vif cercle de lumière comme pour signaler la place d’un trésor. Marguerite saisit un bout de bois au sol et telle une épée de preux chevalier lacère les chefs-d’œuvre arachnéens. Elle se penche et commence à observer minutieusement les toiles entreposées les unes sur les autres. Les natures mortes, les paysages bucoliques, les scènes religieuses s’entremêlent sans logique. Son regard traine sur une représentation de la cathédrale de Chartres lorsqu’un bruit sourd venant de l’étage lui fait choir la toile.

Au dos de celle-ci, une inscription à la craie retient son attention I.12.1904 Sedan. Sans ménagement, elle vérifie un par un tous les dos des toiles et isole toutes celles où apparaît Sedan ; au total, six toiles se distinguent des autres. L’ombre bleue se met à voler à vive allure vers l’escalier, Marguerite en déduit qu’il est grand temps de sortir du sanctuaire des Lamotte.