Les singes ne montent jamais jusqu’au ciel
Préface de Jean Humenry

Paul a été licencié, pour son employeur, c’est un refus de subordination alors qu’il venait de découvrir une opération de fraude fiscale commise par l’un des plus gros clients de celui-ci. Juste avant de quitter son bureau, il télécharge la liste de tous les clients disposant de comptes dans des paradis fiscaux.
Il a envie de changer d’air après la mort récente de son père, son licenciement et une rupture amoureuse. Il prend un billet « aller » pour l’île Tioman, au large des côtes de la Malaisie, habitée par les lézards et les singes. À l’hôtel, il rencontre Florent, un photographe réputé, accompagné de sa femme, et il commence à oublier tous ses soucis jusqu’au jour où son avocat lui demande de rentrer à Paris pour préparer sa défense.
Sa meilleure amie, Getty Orbison, avec qui il a suivi un stage de trading à New York, a été informée de l’affaire et l’appelle pour le mettre en garde. Elle lui demande de déposer rapidement le fichier récupéré dans un endroit sûr, pendant la durée du procès. Paul confie celui-ci à son meilleur ami, Michel Tron, journaliste de son état. Pendant tout ce temps, ils vont préparer un coup de Bourse époustouflant et rocambolesque, mais légal. Christian, un sans-abri qui habite sous le porche de l’immeuble de Paul, sera de la partie.
Tout ne se passera pas comme prévu, jusqu’au jour où un mystérieux virus mettra le monde à genoux.

Extrait : « Je l’avais entendu expliquer à ses stagiaires que la baisse des taux d’intérêt était principalement due à la forte montée des inégalités sociales et à la trop forte propension à épargner de la population vieillissante des pays occidentaux.
Elle estimait que les risques, depuis la crise de 2008, avaient migré vers le secteur financier non régulé et les cryptomonnaies. Elle ironisait avec véhémence sur les comportements hasardeux des grands argentiers qui entretenaient une stabilité financière artificielle grâce à la perfusion ininterrompue de montagnes de liquidités des banques centrales américaines et européennes.
“Nous les traders, disait-elle, nous nous comportons comme des anguilles qui, se faufilant partout, arrivent à leurs fins sans être démasquées. Ou comme des chimpanzés qui attaquent les tribus voisines, tuent les mâles et enlèvent leurs femelles pour les violer légitimement.”
Elle adorait lier le geste à la parole et mimait formidablement bien ces singes en sautant accroupie, se grattant les omoplates pendant que la pupille de ses yeux tournoyait dans ses orbites agrandies et finissait son exhibition en susurrant à nos oreilles qu’elle était dopée à la testostérone et à la cortisone. Tout cela en spectacle devant ces stagiaires éberlués et morts de rire. C’était pour ça qu’elle était le meilleur trader du monde.
Peu docile de nature, elle m’avait enseigné qu’il fallait faire l’inverse de ce que disaient les publications des journaux financiers et quand un doute l’assaillait, elle descendait de son cinquantième étage pour boire un verre et fumer quelques cigarillos importés frauduleusement de Cuba, dans un bar glauque, au pied de son bureau. Rassérénée, elle remontait ses 50 étages pour aller s’asseoir devant son ordinateur. Prête à ouvrir toutes ses positions pour peaufiner sa stratégie. »