Le thème de ce livre se rapporte à l’émergence des histoires individuelles qui héritent des histoires familiales – parfois depuis très longtemps – et des événements historiques. C’est l’explication d’une forme de prédestination qui s’oppose au libre arbitre que l’on suppose avoir dans ses choix de vie. Le héros, à l’origine de cette théorie, pense pouvoir expliquer le hasard de la vie mais celle-ci, bien plus complexe, prend sa revanche. L’originalité réside dans la position du narrateur, un médecin qui découvre, interprète selon ses propres préjugés et relate plus ou moins justement les écrits de son patient.

L’intérêt de participer à ce projet est d’exposer une autre vision de la vie, une vie qui peut sembler intransigeante et cruelle, qui l’est encore plus quand la chance n’accompagne pas la naissance. Cependant c’est aussi une leçon d’optimisme, car dans cette histoire deux êtres s’aiment, simplement. Ce livre s’adresse à ceux qui se questionnent, qui cherchent toujours une raison, les cultivateurs de l’intelligence et de la raison. Il s’adresse également à ceux qui ne cherchent rien et attendent les belles découvertes, les chasseurs-cueilleurs de la vie. Ce livre s’adresse surtout à ceux qui sont tour-à-tour cultivateurs et chasseurs-cueilleurs.

Étrangement, ce livre n’a aucune inspiration, il n’est pas un vécu romancé. C’est une somme d’histoires imaginaires imaginées parce qu’ici, la vie fait mal et qu’il est nécessaire de trouver un moyen de la supporter.

Extrait

Son roman c’est leur histoire, l’histoire de leur rencontre et l’enchaînement des faits qui l’ont précédée et les ont conduit à se trouver un jour, au même endroit et à la même heure. Une histoire lente, un broyage de récolte grain par grain dont la farine, le résultat, est leur couple.

Son écriture est obsessionnelle, répétitive, elle est le reflet de ses hantises et dans l’ensemble crée un malaise, ce malaise que suscite l’art des fous ; dans cet art brut qui indispose le spectateur, même celui ignorant tout du contexte de l’auteur, dans ces œuvres qui transmettent si bien les peurs primales et sont plus hurlantes qu’une femme à bouche tordue et yeux décalés de Picasso.

Ses récits donnent la clef de son existence, l’édification forcenée d’une muraille protectrice entre cet être et la réalité environnante, le besoin reptilien du contact avec la femme opposé à la peur du contact avec tout être humain.