D’aussi loin que je me souvienne, l’écriture a toujours été pour moi, un exutoire, un garde-fou, un outil de transmission et d’éveil.
Violemment chahutée par la vie, après des années de réflexion, une question s’est imposée : à quoi servirait toute cette souffrance, si ce n’est à découvrir qui je suis vraiment ?
J’écris pour donner du sens, impactée par cette idée persistante que je nage en pleine incohérence depuis ma naissance.
Parfois accompagné d’une plume surréaliste arpentant les vertiges de l’onirisme, parfois dicté par la brutalité de la réalité, ce recueil aborde des thèmes universels tels que la reconstruction de soi, l’amour, la mélancolie, la nature ou encore, l’humanité.
Souvent retardée par la pudeur et le doute, la publication de ces textes s’est décidée renforcée par la certitude que chacun possède une étincelle de beauté à offrir au monde.
Ici, je vous livre presque quarante années de réflexions poétiques.

Extrait

Écumes

Une douce écume caresse ma peau,

Le soleil qui s’endort vient me dorloter.

Au loin quelques nuages en lambeaux,

Qu’aucun été ne pourra jamais chasser.

Les jours donnent de l’espace à la nuit,

Les arbres se coloreront d’automne.

La nostalgie porte le vert de gris,

Reflet de mon âme lorsque lui manque l’infini.

Las de mon spleen, l’horizon se fige,

Le chant des oiseaux se fait muet.

Comme un hibou prostré sur sa tige,

Mon inconscient fait le guet.

Loin de ressentir les méandres de mon âme,

La société malade continue de pourrir.

Perchée sur ma dune de souvenirs,

Je vois défiler ma vie de femme.

Soudain, se dessine dans la mer un chemin

Un carrefour étrange avec des visages humains.

Une route de fleurs, parsemée de cœurs,

Plus de noir, ni de gris,

Simplement les couleurs de la vie.

Tout me semble loin,

Les pleurs, le chagrin,

Les manques,

Les cauchemars enfantins.

Les complexes, mes ex,

Les rêves sans lendemain.

Le futur se teinte de promesses,

Mon regard se voile d’allégresse,

Je comprends pourquoi j’ai dû traverser l’enfer,

Pourquoi je suis née sur cette Terre.

Pourquoi la mort n’est pas une fin

Vivre la souffrance à s’arracher les entrailles,

Pour comprendre enfin,

Que les victoires valent les batailles.

Accepter que plus d’une fois, j’ai eu tort.

Me pardonner pour tout ce que je n’ai pas dit,

Et tout ce que j’ai dit aussi…

Ces nombreuses fois où, trop tôt, j’ai quitté le port.

Comprendre que la vie est un chemin initiatique,

Dans lequel notre âme réclame de grandir.

C’est vrai au premier regard,

Cela n’a rien de magique,

Pour voir la beauté, il faut faire abstraction du tragique.

Je garde uniquement cette force,

Qui vibre dans mes reins,

Celle qui m’éjecte hors du lit,

Chaque matin.

Une énergie inconditionnelle,

Qui scintille depuis toujours,

Mon enfant, dans le creux de mes bras,

M’a dit que c’était l’Amour.

(2022)