L’Odeur de la Mangrove raconte l’histoire de plusieurs générations de femmes et d’hommes noirs, descendants d’esclaves, vivant dans une île des Caraïbes.
Le texte décrit les conditions de vie difficiles des esclaves et de leurs descendants, marquées par la pauvreté, la violence, et la discrimination.
Le texte aborde des thèmes tels que la mémoire, l’identité, la résistance, et la quête de liberté. Il met en lumière la résilience et la dignité des personnages face à l’oppression et à l’injustice.
Cependant, malgré l’âpreté des faits, l’autrice a fait le choix de raconter cette histoire dans une ambiance bienveillante, au rythme de la vie de tous les personnages rencontrés par Jeanne, le personnage principal. C’est ce qui fait son originalité. Les thèmes sont traités avec sensibilité, profondeur, et poésie. Ce qui donne une résonance émotionnelle forte et une dimension lyrique au récit.

L’autrice souhaiterait que son ouvrage soit mis entre les mains du plus grand nombre.

Jeanne préfère le plus souvent profiter de la douceur du paysage qui l’entoure et rien d’autre. Elle regarde avec bonheur la vie qui s’anime autour d’elle, deux libellules s’accouplent ici, un papillon butine tranquillement. La petite fille aime le silence qui règne autour d’elle et le souffle des alizés qui caresse son visage.

[…]

Jeanne a posé le seau d’eau au pied de deux blocs de parpaing qui leur servent de marchepied, grâce auxquels elles peuvent facilement se hisser, sa mère et elle, dans la petite maison au toit de tôle.

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Dehors, on entend des hommes et des femmes hurler de rage et de colère. Leur cri est aussi profond que la douleur qu’ils portent et qu’ils porteront toujours, et ce jusqu’au crépuscule de leur vie. Rien ni personne ne pourra les en délivrer. Au fond de leurs yeux des flammes brûlent. Et dedans, on voit tous les autres, tous ceux qui, avant eux, ont été déportés, marqués au fer rouge, fouettés, brûlés, pendus.

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Quelqu’un a dit avoir vu Robia, s’en aller au loin. Elle a quitté le bateau négrier, a marché sur la mer et est partie, sans se retourner, dans l’indifférence la plus totale. Il pleuvait sur la mer et Robia a ouvert son parapluie noir, assorti à sa robe. Personne n’a bougé, personne n’a rien dit, personne n’a rien fait, ils se sont tous tus. Peut-être ont-ils espéré que Robia soit la gardienne de leur mémoire, et l’instigatrice d’un retour assuré au pays. Le bateau négrier a tracé sa route, laissant derrière lui une traînée de sang, de corps, de larmes et autant de mémoires.