J’ai remarqué sur les présentoirs des librairies qu’il y avait énormément de livres biographiques ou autobiographiques concernant les vedettes du show-biz, des journalistes, des politiques, des criminels etc.. Je n’ai pas vu de littérature sur des gens modestes.

Je me suis posé la question, est-ce parce que les gens modestes n’ont pas d’histoires qui soit suffisamment passionnante pour retenir l’attention du lecteur, ou simplement parce que leurs histoires n’intéressent personne ? Ce qui m’a motivé à écrire ce livre, ce sont donc les gens à qui je parle de Ma Vie à quatre-vingt-seize-ans, et qui me disent « Tu devrais écrire un livre ». Je ne suis pas un littéraire, mai j’espère que mon histoire atypique où tout les faits sont authentiques vous plaira.

Extrait

Chapitre I
MON ENFANCE

Cela commence par ma naissance, à la fin de la première moitié du siècle dernier, par ce doux dimanche matin d’été, où le destin qui gérera ma vie a voulu que je rentre dans la famille BONNET le vingt huit juillet mille neuf cent vingt neuf, vers quatre heures du matin. Cette famille était déjà composée de mon père Jean BONNET, de son épouse, ma mère, Léonie NICAUD. Le premier de leurs enfants, Henri, sera suivi, tous les deux ans, de Raymond Jean, Léon Fernand Aimé, puis ce fût le tour de la première fille Renée dite ‘’Gaby’’, ensuite Paul Camille, puis Roger – il souffrait de convulsions et décéda encore enfant – et me voilà qui arrive, précédent ma sœur Bernadette qui ferma la marche.

Aujourd’hui, j’ai l’intime conviction que l’annonce de ma venue ne fût pas accueillie par mes géniteurs comme une bouffée de bonheur, mais plutôt avec fatalité et résignation. Toutefois la chance était avec moi. Certains diront que le bon dieu, d’autres les bonnes fées, pour ma part je dis le destin. Il me gratifia d’entrée, par le choix géographique de ma naissance, dans l’hémisphère nord du globe terrestre, dans le pays où il y avait déjà un siècle et demi que fût promulgué la charte des « Droits de l’Homme ». Celle-ci apporta une bouffée d’espoir, de liberté, d’égalité et de fraternité à une grande partie de l’humanité. Je suis aussi certain, que ma création ne se fit pas au cours d’une étreinte d’une passion amoureuse, mais plutôt par une de ces relations banales, comme cela se produit chez bien des couples, où le nombre de rejetons prend des proportions inquiétantes. Une fois encore la chance était avec moi, car si cette aventure s’était produite de nos jours, les probabilités d’avoir le droit de naître seraient quasiment nulles, grâce – ou à cause – des moyens de contraception mis en œuvre depuis ma venue.

La chance ne s’arrêtera pas là, il faudra aussi tenir compte du fait que mon arrivée se fera dans une période la plus troublée du XXème siècle, et où je ne serais qu’un spectateur pour tous les événements qui se produiront dans la durée de ma vie, sans avoir a y participer ou en être victime. Il venait d’y avoir la première guerre mondiale qui fit un nombre incalculable de victimes, apportant la désolation sur les fronts, et où les batailles détruisirent les villes, les villages et même les sols, qui plus de cent ans plus tard sont toujours marqués par leurs blessures. Elle fut le prélude de la seconde guerre mondiale. Puis vint s’y ajouter les révolutions prolétariennes ou monarchistes en Russie puis en Espagne. Tout le monde s’entre-tuait alors entre frère, voisins, amis. Dans le même temps il y eut la crise économique de 1929 aux Etats-Unis d’Amérique. Elle se propagea dans le monde entier, en ruinant d’innombrables familles industrielles. Jetant dans le dénuement le plus total une cohorte de familles de la haute bourgeoisie, où l’humiliation ressentie comme un déshonneur, conduisit plusieurs des acteurs de la finance d’alors au suicide. Elle occasionna une vague de licenciements dans la classe ouvrière, d’une ampleur jamais atteinte depuis : des familles entières furent précipités dans la pauvreté et la famine décima des populations dans les pays les plus vulnérables. Enfin les pandémies de la grippe Espagnole et de la tuberculose firent elles aussi des millions de victimes et je ne cite pas tout ce qui se passaient en Afrique et en Asie.

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