« Marianne et le souverain captif – Anatomie d’une démocratie vacillante » aborde, sous la forme inédite d’une fable théâtrale, les enjeux de la crise de notre démocratie : la souveraineté du peuple, les valeurs de la République, la méfiance à l’égard des institutions, les défis d’une nouvelle ère (mondialisation, IA, réchauffement climatique…), les peurs face aux menaces de délitement du modèle social (Etat-providence, services publics…), l’incivisme, l’émiettement de la société, le populisme, la manipulation à grande échelle…

Des sujets, habituellement traités avec austérité, abordés ici avec une légèreté qui n’exclut pas le sérieux. Nul besoin d’être spécialiste pour en entreprendre la lecture : il s’adresse à tous ceux qui s’intéressent aux questions de citoyenneté, aux électeurs actuels et en devenir, sans oublier les compagnies de théâtre citoyen. Support original d’instruction civique, cette oeuvre mérite d’être lue (et discutée) dans tous les lycées.

Synopsis

Rien ne va plus entre Démos (le peuple) et Marianne (la République). Dolos (le mensonge et la manipulation), secondé par Big Data (le Big Brother des données personnelles), active Lyssa (la colère) et Phobos (la peur) pour porter au pouvoir César (la tyrannie) et instaurer un régime débarrassé de Doxa (la pensée dominante) et de Bourbon-Luxembourg (la représentation nationale). Pour la survie de ses valeurs, Marianne va livrer un combat inégal au cours duquel elle se rendra compte des erreurs de Doxa. Mais, de son côté, Démos prendra-t-il la mesure de ce qu’il doit à la République avant de commettre l’irréparable ?

Extrait

BOURBON-LUXEMBOURG
Mais, Majesté, je ne suis pas une institution dépersonnalisée ; je suis votre incarnation…

DEMOS
Eh bien je te libère : tu es désincarné. Je me passerai de toi, désormais. Du balai !

BOURBON-LUXEMBOURG
Attention, si je n’existe pas sans vous, vous n’existez pas sans moi.

DEMOS
Ne me raconte pas des salades, Bourbon-Luxembourg…

MARIANNE
Tu préfères les salades César ?

DEMOS
J’existais bien avant toi, je peux très bien exister après toi.

BOURBON-LUXEMBOURG
Vous n’étiez qu’un ensemble d’individus. C’est la représentation qui donne corps à leur volonté. C’est grâce à elle que le peuple règne.

DEMOS
A quoi me sert de régner si je ne gouverne pas ?

BOURBON-LUXEMBOURG
Essayez de mener une politique vous-même, sans le moindre élu pour articuler les millions de points de vue qui s’exprimeront. Ce sera comme si chaque personne pouvait jouer l’air de son choix avec l’instrument de son choix ce qui donnera à peu près ceci (Il appuie sur une touche de l’ordinateur, une cacophonie résonne ; il appuie sur une touche et le silence revient). La représentation permet la confrontation des points de vue et la cohérence de l’ensemble (Il appuie sur une touche de l’ordinateur ; un air de Mozart se fait entendre). Vous percevez la différence ? (Marianne opine avec vigueur).

DEMOS
Je la perçois, mais j’ai du mal avec l’idée que les parlementaires puissent être à la loi ce que Mozart est à la musique.

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